Sarkozy, Hollande ou encore Emmanuel Macron, aucun président français en poste n’a empêché l’opposant nigérien Hama Amadou de dormir tranquillement sur ses lauriers lorsqu’il a des déboires à Niamey et parvient à atterrir au bord de la Seine. Ce qui n’a jamais été pour aussi longtemps pour lui à Niamey et ce, malgré les alliances stratégiques qu’il réussit à nouer avec les forces du gotha politique nigérien pour partager le pouvoir avec le vainqueur.
Ainsi, Hama Amadou, l’opposant nigérien mène une vie surprenante, depuis son retour au bercail, le 11 Septembre 2023, après plus de deux ans d’absence pour un traitement médical en France, une absence prolongée, à vibrations retentissantes d’exil politique. Mais il vit entouré d’un mystère complet à Niamey, la capitale nigérienne, le fief pourtant politique de son parti, le mouvement démocratique nigérien pour une fédération Africaine (Moden Lumana Africa).
Les contradictions à sa conduite habituelle !
Hama Amadou silencieux à Niamey ? Cela ne correspond pas réellement à la nature du personnage politique qui habite l’opposant historique ou presque du système de l’ancien président Issoufou Mahamadou au Niger, alors même qu’il avait été d’un précieux concours à la première consécration présidentielle de celui-ci en 2011, grâce à son alliance politique avec le PNDS Tarayya.
Certes, le Niger vibre au rythme de son 5ème régime militaire, avec un moment de suspension des activités des partis politiques, mais ce n’est pas pour autant que l’opposant Hama Amadou pourrait être interdit de parler, sauf si lui-même consent à une vie de « parole interdite » ! Ainsi lui-même consent-il à croire que sa parole n’est pas valable auprès des populations nigériennes et ce, du fait de sa condamnation à un an de prison ferme par la Cour d’Appel de Niamey dans l’affaire de «suppositiond’enfants» ?
La réponse à cette question viendra certainement un jour. Mais les populations nigériennes majoritaires ne connaissent pas le code pénal, encore moins les implications d’une condamnation pénale, seuls comptent la personnalité, le leadership d’un homme connu pour sa renommée, son charisme, son image de marque dans la société, sa position (sociale), son rôle à lui joué etc.
Même si les partis politiques demeurent encore suspendus, les leaders politiques, coutumiers, religieux et institutionnels se sont exprimés pour donner chacun sa lecture et une orientation aux populations dans le but à la fois de les éclairer ou de les guider. Cela n’a pas été le cas de Hama Amadou ni dans la presse nationale ni dans les médias en ligne, et encore moins dans les plates-formes des réseaux sociaux devenues des véritables tribunes officielles de préférence pour certaines sommités politiques ou économiques.
L’opposant avait certes accordé deux interviews à des médias béninois et français après le coup d’État du 26 Juillet 2023 pour affirmer sa position stratégique. Une prise de parole pour briser le silence et s’adresser à distance aux nouvelles autorités militaires nigériennes auxquelles Hama Amadou tire son chapeau et marque d’un appel de pied son ferme soutien et tout en égratignant «tout douce-ment», le partenaire historique français.
Autres hypothèses pouvant justifier le silence de cimetière de Hama Amadou !
C’est moins de deux mois seulement après le coup d’Etat du 26 Juillet que l’opposant Hama Amadou est rentré dans son pays le Niger, le 11 Septembre 2023, soit exactement un mois et quinze jours, donc un mois et demie après l’ère Tiani. Les conciliabules entre l’opposant et les militaires du conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) ayant conduit à son retour ne sont pas connus de l’opinion nationale, comme c’est le cas au Tchad pour le retour à Ndjamena de l’opposant, Succès Masra, qui a conclu un accord politique à Kinshasa sous les auspices du président Félix Shisekedi avec les autorités de la Transition, conduites par le Général Mahamat Idriss Deby, Chef de l’Etat.
Il faut remarquer selon nos sources qu’aussitôt après son retour à Niamey, Hama Amadou aurait bénéficié d’une liberté provisoire dans l’affaire de « dégradationsdes biens publics et privés » suite aux violences postélectorales de fin Mars 2021, une mauvaise affaire politique, qui tient l’opposant politique et le tire vers le bas comme un boulet rouge au pied. L’obtention de cette liberté provisoire qui vaut d’habitude à une liberté totale au Niger est le premier prix à payer pour «acheter le calme et lesilence» de Hama Amadou à Niamey ?
Au Tchad, les autorités militaires de la Transition ont libéré plus de soixante-dix (70) prisonniers militants du par «Les Transformateurs » de Succès Masra après son retour le 4 Novembre dernier. C’est pratiquement dans les mêmes conditions que l’opposant nigérien Hama Amadou aussi mène sa vie discrètement loin des caméras et des journalistes.
Des sources proches de l’opposant, même les visites privées sont filtrées, sinon réduites pour éviter un grand attroupement à son domicile. Ce qui n’est pas toujours un bon signe pour un homme politique, qui nourrit l’ambition rageuse de diriger enfin son pays, à l’issue de la Transition militaire en cours, parce que le Niger est l’un des rares États au monde où la croyance populaire attribue le pouvoir suprême de président de la République ou Chef de l’Etat aux leaders politiques à tour de rôle, à chaque période cruciale de la vie de la Nation.
Hama Amadou à Niamey pour murmurer aux oreilles des autorités de la Transition ?
Touslesleaders Nigériens politiques, coutumiers, religieux ou économiques sont de facto les conseillers de droit des plus hautes autorités militaires de la Transition, en termes de contributions de leurs expériences personnelles à la paix, à la sécurité et à la quiétude sociale indispensable au vivre ensemble quotidien. Mais tous ne sont pas logés à la même enseigne, du simple fait des rapports politiques sur l’échiquier national de chacun et cela est perçu comme un fait bien normal de société dynamique.
L’opposant Hama Amadou, qui se trouvait pratiquement en exil au moment du coup d’Etat a vite fait de tendre la main aux nouvelles autorités militaires nigériennes de son pays afin de faciliter son retour au bercail. Si son silence de cimetière cache mal son rapport avec les forces politiques en action sur la scène, comment apporte-t-il sa contribution à la bonne conduite de la Transition en cours ?
Toutes les forces politiques qui agissent aujourd’hui sur la scène politique sous la bannière de la société civile cachent leurs visages de militants politiques sous les manteaux des associations de développement, des syndicats ou des organisations non gouvernementales (ADs et ONGs). Les détracteurs de Hama Amadou pensent que celui-ci est déjà le tuteur le plus attitré de la majorité des associations pullulant la capitale nigérienne et dont certaines manquent d’objectifs jusqu’au point de se charger d’éliminer stratégiquement les adversaires supposés et/ou imaginaires de celui-ci, en vue de lui préparer un boulevard vers l’ascension politique au plus haut sommet du pouvoir suprême d’Etat.
Jusqu’à preuve du contraire, Hama Amadou ne s’est pas encore adressé aux Nigériens lambda, depuis son retour au Niger. Il s’emploie pour l’instant à convaincre le plus haut sommet comme tous ses confrères leaders politiques, chacun tente de murmurer de la plus audible façon aux oreilles du Général Abdourahmane Tiani pour passer ou faire passer son message avant le recours bientôt au suffrage universel des Nigériens des villes et des campagnes.
La vraie pomme de discorde entre Hama Amadou et Niamey ?
La vie politique nigérienne de ces deux dernières décennies révèle deux grandes figures en confrontation sur l’arrière politique et chacune conserve diverses formes de manœuvres et de tentacules lui permettant de ratisser largement autour de lui-même. Issoufou Mahamadou et Hama Amadou sont en effet, l’alpha et l’oméga de la vie politique nigérienne aujourd’hui, du fait de leur encrage institutionnel ou de leurs influences dans la vie des populations. Depuis près de trente ans, ces deux hommes politiques ont fait et défait sans cesse des alliances politiques ayant conduit à la conquête et à la gestion du pouvoir d’État au pays du Général Abdourahmane Tiani.
Aujourd’hui encore, pendant que Hama Amadou rêve de devenir enfin le prochain président élu du Niger pour faire souffler ses quatre vents de «l’èreHama Amadou » sur les quatre coins du pays qu’il connaît déjà depuis très longtemps, il se heurte aux forces hostiles d’Issoufou Mahamadou, son ex allié politique de 2011. Celui-ci de son côté nourrit l’ambition très avancée «du VladimirPoutinedu Niger», en briguer maintenant la deuxième (2e) présidence de la République de son pays avec la chute de Mohamed Bazoum, le Dimitri Medvedev nigérien !
Tous les analystes sérieux nigériens le saisissent mais certains l’ignorent et se perdent ainsi en conjecture par mépris et méprises à la fois des acteurs en lutte pour le pouvoir. Le Niger se révèle ainsi pour être un grand laboratoire politique, qui se rapprochera pleinement du système de la Turquie si jamais le projet Issoufou Mahamadou s’impose dans cette jungle impitoyable et répit des forces politiques en action.
Bien probablement, c’est la véritable pomme de discorde entre Hama Amadou et Issoufou Mahamadou mais jamais un problème de personne ou encore moins rabaissé à celui de groupe social ou de région pour s’analyser comme un « problème ethno régionaliste » et s’appeler ainsi. Aujourd’hui Hama rêve de devenir président et Issoufou rêve de revenir au pouvoir, en tant que président de la République. A suivre.
MOUSSA NAGANOU