C’est fait au Niger, on connait désormais les motifs ainsi que les auteurs du coup d’Etat militaire toujours en cours à Niamey, au pays de Mohamed Bazoum, depuis Mercredi tard dans la nuit. La garde présidentielle a en effet retourné les armes et leurs munitions destinées à la sécurité de l’Etat et de ses institutions contre le régime du président Mohamed Bazoum et son gouvernement, pour les renverser, en mettant fin à l’élan d’épanouissement de la première alternance démocratique du pays.
En cause, « la dégradation de la situation sécuritaire et la gestion économique et sociale du pays ». Pour beaucoup d’observateurs politiques, dont le constitutionnaliste Dr Amadou Boubacar Hassane les raisons invoquées pour prendre le pouvoir sont surprenantes et ne peuvent tenir la route. C’est plutôt contre le limogeage du patron de la garde présidentielle, qui a accéléré et justifié le coup d’Etat en cours à Niamey, explique le constitutionnaliste Nigérien sur Radio France Internationale (RFI).
Ainsi, les ambitions des institutions fortes exprimées par le Niger depuis l’élection du président Mohamed Bazoum risquent fort de laisser place à l’avènement plutôt des hommes forts. Il faudrait alors attendre encore la fin d’une transition politique, qui s’annonce rude aussi bien pour les militaires que les citoyens Nigériens pour espérer l’émergence des nouvelles institutions de tendance forte !
Contrairement à tous les coups d’Etat perpétrés au Niger, le 5è du genre, cette fois-ci ce n’est pas une crise politique à même de bloquer le fonctionnement des institutions de la République qui est mis en cause. D’autant que, même si le coup d’Etat est un délit pénal voire un crime, il avait été plus ou moins toléré par l’opinion publique nigérienne toutes les quatre (4) dernières fois dont le premier remonte en 1974, le 2è en Janvier 1996, le 3è en Avril 1999 et le 4è en Février 2010 et ce, dans l’espoir à chaque fois de débloquer une vie politique dont les acteurs sont au bord de l’implosion sociopolitique.
Mais ce 5è coup de force intervient quant à lui, au moment où le Niger exerce sa première alternance démocratique et que les partenaires du pays sont unanimes sur l’efficacité de sa stratégie antiterroriste, pour former une coalition pour la montée en puissance de l’armée la plus efficace du Sahel, à les en croire.
Quelle ombre cache encore le visage de la 3è junte militaire du Sahel ?
Une ombre encore épaisse cache le visage du chef de cette junte, qui tient le président Mohamed Bazoum toujours entre ses mains. Le commandant de la garde présidentielle, le Général Abdourahmane Omar Tchiani et l’ancien chef d’Etat-major des armées, le Général Salifou Mody sont les deux noms, qui circulent depuis Mercredi soir et ont tout le mal de se confirmer.
L’autre ombre, qui plane sur le coup d’Etat en cours au Niger est la menace de la CEDEAO d’intervenir avec un bataillon dit de l’ECOMOG dont les couleurs avaient été annoncées lors du 63è sommet de Bissau, en Guinée du même nom. D’ores et déjà, un sommet extraordinaire à Abuja est projeté en perspective pour se tenir le Dimanche 30 Juillet 2023 entièrement dédié à la situation politique au Niger.
La CEDEAO entend jouer son va-tout dans le coup d’Etat en cours au Niger. Le chef d’Etat-major des armées du Nigéria, le grand voisin et ami du Niger assumant la présidence de l’institution régionale y a passé une journée entière à Niamey le Jeudi 27 Juillet, en pourparlers avec les hommes forts du pays de Bazoum.
Le soutien du chef d’Etat-major des armées, Sidikou Issa aux évènements en cours depuis le Mercredi 26 Juillet a comblé le déficit d’unité qui manquait à la junte de Niamey. Toutes les tentatives de négociation semblent infructueuses et pourtant le visage du nouvel homme fort peine à se révéler aux Nigériens et à l’opinion internationale.
Plusieurs sources sont affirmatives sur la sécurité du président Mohamed Bazoum et sa famille. Son conseiller juridique Dr Amadou Hassane Boubacar comme beaucoup d’autres sources a rassuré l’opinion sur RFI, en déclarant qu’il jouit d’une meilleure santé et dispose de son téléphone, seulement il n’est pas libre de tous ses mouvements.
Aussi, plusieurs pays, personnalités et institutions à travers le monde entier ont exigé la libération sans condition du président Mohamed Bazoum, ainsi que le rétablissement de l’ordre constitutionnel.
MOUSSA NAGANOU