Faut-il pour le peuple africain des institutions fortes ou des dirigeants forts?
Il est impératif pour le peuple nigérien de déterminer son idéal politique pour se gouverner. De même, il est primordial de mentionner aussi le modèle d’homme qu’il faut pour gouverner dans l’intérêt de tous les membres de la communauté humaine.
Selon la tradition occidentale, le modèle machiavélien est un parangon d’homme d’État selon lequel pour maintenir et conserver le pouvoir, il doit avoir la force d’un lion et la ruse du renard. Est-ce le modèle qu’il faut pour l’Afrique ? Absolument pas.
Certes, l’image du Chef en Afrique réside dans un homme redouté par son charisme et ses qualités intrinsèques. Surtout que le pouvoir traditionnel africain n’admet aucun partage.
Le modèle d’homme africain est celui qui incarne la vertu morale et politique, qui possède les connaissances endogènes et l’intelligence nécessaire à prendre en charge toutes les exigences sociopolitiques, culturelles et économiques. Mieux, les valeurs comme la vertu, l’amour de la République, l’honneur permettent de subsumer le bien public du bien particulier, sont aussi requises.
En réalité, l’ancrage démocratique en Afrique et dans les pays comme le Niger doit reposer sur la prise de conscience de soi, comme simple être de l’humain africain. Malheureusement, ce préalable n’est pas effectif dans la plupart des cas, en ce que nos hommes politiques se réfèrent au modèle occidental.
Il faut par conséquent éduquer les peuples africains où l’être humain recouvrera sa dignité africaine. On peut se rendre à l’évidence qu’on peut aspirer à un modèle d’homme africain moins corrompu qui pourrait conduire son peuple vers le bien-être mais pas au modèle de l’écrasante majorité de ceux qui nous ont toujours gouvernés.
Ce modèle a montré ses limites et fait saillie. Les dirigeants qui ont gouverné jusque- là sont remis en cause, à cause de leur politique importée ou même imposée. C’est pourquoi il est grand temps pour nos peuples africains de cesser d’acclamer le politique étriqué.
Il faut que ce politique africain soit honnête envers son peuple qu’il doit exclusivement servir et non se servir de ses richesses. Il doit être à l’écoute de ce peuple au lieu d’appliquer des théories obsolètes d’une autre ère.
Le réalisme politique doit être un fait et non une théorie. De la contradiction politique peut jaillir le progrès qui d’ailleurs est un principe qui fait avancer le pays. Les gouvernants africains doivent accepter la contradiction, l’opposition, la critique, le contrôle s’ils veulent bien faire.
Ils doivent placer sur leur ardoise morale deux principes essentiels : le mythe de la honte d’avoir menti à son peuple et le respect de la parole donnée. La démocratie africaine ne peut pas se reposer sur l’art de parler comme en Grèce antique mais sur un discours empreint de réalisme.
Le verbalisme logomachique ne fait pas le démocrate. Il est aussi temps pour les dirigeants africains d’accepter l’idée de l’échec en politique. C’est d’ailleurs la seule voie par laquelle, on peut passer pour véritablement parfaire l’action politique de tout gouvernement.
Néanmoins, l’Afrique n’a pas du tout besoin d’hommes forts, moins encore d’institutions fortes à la seule condition qu’ils soient des hommes, par leur dimension morale, soient conscients qu’ils ne « règnent pas juste pour régner » mais qu’ils dirigent parce qu’ils se sentent en devoir envers le peuple.
Ce principe politique doit constituer la boussole du vrai leader africain. Aussi, à moins qu’elles ne soient des institutions crédibles dirigées et animées par des hommes raisonnables et clairvoyants, avec des vertueux principes qui font malheureusement défaut dans les démocraties africaines.
La problématique réside dans l’idée d’amener le peuple à comprendre ce qu’il faut en passant par une éducation raffermie et citoyenne empreinte de liberté d’esprit qui débouchera sur un patriotisme naturel. C’est le rôle dévolu aux partis politiques, aux médias, à la société civile qui jusqu’à aujourd’hui, dans leur essentiel professent des discours, des messages, des cris d’alertes, des divulgations, des appels contre la démagogie.
Une des préoccupations majeures des observateurs de la scène politique au Niger est effectivement la question du gouvernement d’union nationale qui constitue un des écueils qui mine sourdement la démocratie. Cette situation s’apparente à un partage des postes politiques, en guise de récompense politique.
Même si ce mécanisme est semble-t-il une garantie de la stabilité politique. Au total, il est à retenir que le but de notre propos vise à susciter des réflexions minutieuses sur la pratique démocratique en Afrique et donc le débat est ouvert, non pas clos.
Dr ALIKHMAD MADALO