Le président nigérien, Mohamed Bazoum a bouclé ses deux premières années à la tête de l’État, le 2 Avril 2023 dernier sans pour autant avoir assez de ministres à la hauteur de sa stature. Au bout de deux années entières, malgré leurs expériences à chacun identifiées au départ pour leur promotion, peu de ministres sont tout de même apparus sur la scène politique pour exprimer des qualités managériales, du talent à la hauteur des questions de l’heure, à même de convaincre l’opinion nationale encore moins un dynamisme à la hauteur des ambitions de la première alternance démocratique du pays.
Si le Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou se contente de définir et de coordonner intelligemment l’action gouvernementale, dans l’efficacité, la discrétion et sans zèle, en faisant preuve d’être à une bonne distance du Chef suprême de l’exécutif, il n’en sera pas de même pour la plupart ses ministres dont le silence s’assimile à l’absence ou à l’effacement. La léthargie voire le laisser-aller caractéristique du travail de certains ministres est révélateur d’un sentiment de doute sur la conduite de la mission qui leur a été attribuée, d’autant qu’elle est très mal assumée au point de la ramener à la fonction d’une direction quelconque de l’administration publique.
Certes, des expériences il y en a bien évidemment parmi les hommes qui composent le gouvernement de la première alternance démocratique du Niger, mais il en faut bien plus que de l’expérience. Parce qu’il en faut surtout des compétences, des capacités exceptionnelles, de l’art de gouverner et de l’inspiration sur le contexte actuel pour pouvoir prendre en charge efficacement toutes les velléités propres à la fois au contexte de l’alternance démocratique, au contexte sécuritaire de la sous région, ainsi que la géopolitique de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel.
A la lumière de la réalité des contextes et de la géopolitique ainsi déclinés, le président Mohamed Bazoum apparait tout de même comme le seul maître, le seul capitaine serein à bord du navire Niger dans cet océan trouble, à multiples et puissantes vagues d’eau, bousculant et soulevant la marée et se dressant de toute part pour faire certainement tanguer le bateau, mais en vain. Au bout de chaque tempête maritime comme la comparaison s’y prête à la gouvernance politique, Mohamed Bazoum toujours serein, du haut de son magistère apprécie la situation à sa juste valeur, en livrant à l’opinion publique nationale et internationale ce qu’il pense des éléments de la gouvernance ou de la géopolitique et des moments forts de celles-ci.
Pendant ce temps, l’occasion en or est offert aux ministres compétents du président Mohamed Bazoum de jouer pleinement leurs rôles, avec talents et détermination. Mais hélas, c’est plutôt le moment de comprendre que le gouvernement n’a même pas un porte-parole pour expliquer, disséquer et apporter toute la lumière nécessaire à l’éclairage de la parole présidentielle pour lanterne des citoyens, qui en attendent des ministres, en vain.
Qu’il s’agisse des positions du président Mohamed Bazoum sur les questions de la corruption, le détournement des deniers publics, la sécurité, le Sahel, les stratégies antiterroristes, le changement climatique, le pétrole, l’énergie, le développement des infrastructures, les emplois, la jeunesse, les arts et les sports (…), les citoyens attendent des ministres toujours des détails digestes sur ces questions d’intérêt général voire vital, mais en vain. Tous sont tenus au message de haut niveau du président Mohamed Bazoum, sans avoir l’explication à la hauteur du citoyen lambda en dehors de celle tirée de la presse, alors même que des ministres sont nommés pour bien assumer, exécuter mais aussi éclairer l’opinion sur la traduction concrète des décisions présidentielles.
Autour du président Mohamed Bazoum, à la première catégorie, en dehors des ministres des Affaires Étrangères Hassoumi Massoudou, celui de la Défense nationale Alkassoum Indatou et celui de l’Intérieur Hamadou Adamou Souley dont les trois forment un trio ministériel, qui comprend, assume et pilote valablement la politique sécuritaire et diplomatique du pays, le travail des autres ministres laisse à désirer, à une exception près. La seconde catégorie au sens noble du terme comptent d’abord, le ministre de l’Éducation, Pr Ibrahim Natatou, la clef de l’esprit neuf du nigérien modèle, ensuite, le jeune ministre des Finances Dr Ahmat Jidoud, sur les épaules duquel se repose la mise en œuvre de la politique budgétaire et financière du pays, du jeune autre ministre du Pétrole Maman Sani Issoufou sur les épaules duquel se repose l’espoir des recettes supplémentaires bien assumées, de la jeune ministre de l’Industrie Mme Samatou Gourouza, active pour la réalisation des ambitions industrielles du Niger, de celui du Plan, Dr Rabiou Abdou, fort d’une planification adaptée à la hauteur des ambitions et de la vision d’un président comme Mohamed Bazoum ou encore celui de la Santé Dr Illiassou Maïnassara ayant bien compris et bien assumé sa mission.
Au 21è siècle, un monde ultramoderne et ultra-connecté, on ne peut plus continuer à gouverner comme auparavant, sans une bonne communication dans un pays dont l’économie repose encore essentiellement sur l’Agriculture et l’Élevage et dont le développement du secteur primaire est attendu des paysans. Aussi, l’énergie est le moteur de l’industrie, ainsi la politique énergétique devrait être mieux assumée au même titre que celle des hydrocarbures, des Mines, en adéquation avec les questions du Climat, de l’Environnement, des Emplois, des Transports, du Tourisme, du Commerce, du Numérique ou de la Formation.
Mais l’obsolescence, qui caractérise ces autres domaines érigés en ministère et pourtant totalement en hibernation mériterait que les locataires soient réveillés ou bien que le gouvernement soit rationnalisé et réduit au strict minimum du besoin nécessaire à la réalisation du service public concerné. Cette obsolescence peut avoir une explication binaire, qui se justifie par d’une part l’incompétence et l’inadaptation du ministère au contexte ci-haut décliné ou encore par une absence totale de pro-activité des locataires. (Dossier à suivre). MOUSSA NAGANOU