Par « activistes » de la société civile au Niger, il faut entendre plus largement des défenseurs des droits de l’homme. D’autant que l’espace public s’est élargi au domaine numérique, où ces différents acteurs sont aussi plus présents même que sur le terrain de la réalité.
Un territoire « no man’s land », ayant échappé jadis au législateur nigérien il y a peu, et où des activistes pouvaient déverser toute leur colère et leur haine à l’égard de quiconque, impunément. Mais depuis 2019, le législateur nigérien s’est ressaisi et a comblé un tel vide juridique par la loi 2019-33 du 3 Juillet 2019 portant répression de la cybercriminalité au Niger et il l’a même rectifiée et complétée le 21 Juin 2022, en supprimant la peine d’emprisonnement du délit de diffamation et d’injure pour les journalistes et professionnels des médias.
Ce lundi 6 Mars 2023, ils étaient trois activistes de la société civile nigérienne à répondre à la convocation du doyen des juges du tribunal de grande instance hors classe de Niamey, pour l’affaire d’une manifestation illégale du 15 Mars 2020. Mounkaïla Halidou, Moudi Moussa et Maïkol Zodi y étaient devant le doyen de juge pour comparaitre libres, avec l’arrivée massive de plusieurs de leurs camarades devant le tribunal, en guise de soutien moral.
Les trois activistes de la société civile nigérienne avaient bénéficié d’une mesure de liberté provisoire, tout en restant à la disposition de la justice. Une attitude qu’ils ont respectée scrupuleusement et ce conformément selon eux, au principe sacrosaint de l’État de droit.
Ils ont comparu libres, ce lundi devant le doyen des juges, qui a renvoyé l’affaire au 20 Mars, c’est-à-dire dans deux semaines. A leur sortie d’audience, tous ces activistes avaient les visages souriants et les commentaires les plus acerbes pour sabrer les gouvernants et la Justice qu’ils défient d’engager la procédure sur des dossiers judiciaires cités pêle-mêle, comme les affaires dites « Uraniumgate, les affaires des détournements des deniers publics (non précisées), les affaires de corruption (non précisées), l’affaire du ministère de la santé, l’affaire MDN-gate dans laquelle le gouvernement a trouvé un accord de règlement judiciaire avec les fournisseurs.
Bref, Mounkaïla Halidou, pour ne pas le désigner n’a pas raté sa cible pour exprimer sa colère que d’aucuns qualifient de légitime pour avoir été déçu récemment dans son appel à la grève de 48 heures à l’endroit des travailleurs nigériens, les 25 et 26 Février 2023. Il a précisé que la relance d’une telle affaire datant de plus de deux ans ne va guère les « intimider ou les dévier de leur mission traditionnelle de défendre le peuple nigérien et leur conviction » au sein de la société civile nigérienne.
Abdoulaye Seydou, se réclamant de la coordination du mouvement M62, en dispute avec d’autres de ses camarades comme Gamatié, le président du REPAD (prie-t-il encore que cet autre réseau ne lui échappe bel sous les mains?) est l’autre activiste de la société civile que le doyen des juges a entendu, ce lundi 6 Mars 2023 après un mois et deux semaines de sa mise sous mandat de dépôt et détenu au camp pénal de Kollo. Lui n’a pas comparu libre, mais son avocat a largement défendu son dossier en sa présence.
Poursuivi pour « complicité d’incendie volontaire » dans l’affaire du site d’orpaillage de Tamou, ses camarades venus le soutenir devant le tribunal dénoncent « une arrestation arbitraire ». Ils l’ont « lavé »dans les médias de tout soupçon d’un tel chef d’accusation, dont « il ne ressemble pas », en croire à leurs vibrants commentaires dont ils se disent confiants, après sa comparution.
Il faut préciser que la commission nationale des droits humains (CNDH) du Niger s’est particulièrement penchée sur le cas de la détention de l’activiste Abdoulaye Seydou, en insistant sur la garantie de son droit à la défense. Le président de cette institution nationale, le magistrat Maty Elhadji Moussa a même dépêché une mission, qui s’est rendue à Kollo pour s’enquérir de son état d’incarcération.
Une preuve évidente de la manifestation de l’État de droit au Niger, quoique « nul n’est prophète chez soi ». Le président Mohamed Bazoum tient à une bonne administration de la Justice au profit des citoyens, en vue de consolider pour toujours la démocratie, son alternance institutionnelle, un cadre adéquat d’émergence et de l’épanouissement de l’État de droit.
MOUSSA NAGANOU