L’heure de vérité a enfin sonné au Mali où se tiendra le scrutin référendaire ce 18 Juin 2023 sur toute l’étendue du territoire et aussi à l’étranger pour le vote de la diaspora malienne. A première vue, l’expression « sur toute l’étendue du territoire » paraît curieuse voire fausse, d’autant plus que la situation sécuritaire du Mali aujourd’hui ne permet pas un accès au territoire par les autorités maliennes qui se contenteront certainement de s’accommoder de la portion congrue aux mains d’Assimi Goita.
Initialement prévu pour le 19 Mars passé, le référendum constitutionnel a été repoussé sine die, compte tenu du contexte sécuritaire qui règne sur environ 60 % du territoire malien. Le référendum constitutionnel est l’étape décisive pour les colonels de céder la place en Mars 2024 après des élections organisées en Février 2024.
La pression des acteurs politiques et de certains mouvements de la société civile malienne, appuyée par l’exigence de la communauté internationale pour contraindre les militaires à quitter le pouvoir en faveur d’un régime démocratique n’offre désormais aucune chance de tergiversations à la junte militaire malienne. Dans ce contexte, un autre report ferait donc le lit aux critiques et positionnerait les militaires de Kati dans le camp de véritables confiscateurs de pouvoir abusant de la naïveté du peuple, à coup de discours populistes.
Aussi, en prélude au vote des civils dans le cadre de ce scrutin référendaire, ce sont les militaires maliens qui ont devancé les civils qui devront attendre le 18 Juin 2023. Seul bémol, les militaires maliens basés à Kidal n’ont pas pu prendre part à ce scrutin, du fait de la spécificité de cette région toujours restée hors de portée du pouvoir central de Bamako.
Kidal, demeure encore la ville rebelle qui ne reconnaît pas le référendum constitutionnel et n’invitera surement pas les habitants sous contrôle des mouvements rebelles et terroristes de prendre part à cette aventure entreprise par Assimi Goita.
Bamako ne nourrissait aucune illusion de voir Kidal jouer le jeu du pouvoir, d’autant plus que les relations entre BAMAKO et Kidal se sont dégradées suite au « non respect des accords d’Alger » aux dires des responsables de mouvements rebelles de Kidal.
Malgré tout, les autorités militaires maliennes ne baisseront pas les mains et comptent entamer des négociations avec Kidal afin de permettre aux civils de prendre part au scrutin référendaire du 18 Juin 2023. Des démarches qui auraient dû être entamées en amont du processus électoral si la volonté de coopérer des militaires était sincère.
Mission visiblement impossible pour qui connait l’état actuel du Mali et le niveau d’animosité qui anime les deux camps à savoir le pouvoir central de Kati dominé par les faucons et les rebelles de Kidal dont la détermination d’autonomie est restée intacte. Autre challenge pour ce scrutin référendaire, c’est la mobilisation des électeurs dans des zones sous occupation des chefs terroristes comme le centre du Mali demeuré encore sous le contrôle d’Amadou Koufa et de ses lieutenants.
Assimi Goita et ses lieutenants sont donc aujourd’hui face à l’éclosion d’une réalité qui va sûrement dévoiler le vrai visage de la guerre contre le terrorisme et donner une idée plus claire à la capacité du pouvoir malien à se conformer aux exigences de la CEDEAO qui l’imposent à rendre le pouvoir aux civils en Mars 2024. L’échec du référendum ou un référendum constitutionnel de façade diviserait davantage les maliens déjà en désaccord sur certains points de Loi Fondamentale, qui leur sera certainement imposée.
ABOUBACAR SOUMAÏLA