Le ton est monté d’un cran entre Bamako et Kidal depuis l’annonce de l’Union des groupes armés rebelles ayant pris part aux accords d’Alger en 2015. Pour rappel, ces dits accords visaient à mettre fin à la guerre du Mali, après des négociations menées à Alger entre la République du Mali et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).
Récemment, le 22 décembre 2022, dans un communiqué du Cadre stratégique permanent (CSP) qui rassemble la totalité des groupes armés du Nord signataire de l’accord d’Alger en 2015 dénonçait « l’absence persistante de volonté politique des autorités de transition » à mettre à exécution ces accords. C’est pourquoi, les groupes armés exigent l’organisation d’une rencontre d’urgence avec le gouvernement malien « en terrain neutre ».
Les griefs contre les autorités maliennes de transition portent surtout sur le processus de désarmement des groupes signataires et l’intégration de leurs cadres militaires dans la hiérarchie de l’armée, pierre d’achoppement principal de ces accords.
Bamako a opposé une fin de non recevoir à cette exigence, qui contrarie la souveraineté du pays, tant cette dimension guide désormais toute la stratégie de la junte militaire malienne logée à Bamako et à Kati.
Face au refus manifeste de Bamako de se plier aux exigences de ces groupes armés, trois d’entre eux ont fusionné mercredi 8 janvier 2023, preuve d’une crispation profonde avec Bamako.
Il s’agit d’un mouvement indépendantiste, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), et deux autres autonomistes, le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA). Tous ont combattu l’État malien avant la signature historique de l’accord de paix dit d’Alger en 2015. Loin de prôner l’apaisement, les faucons proches du pouvoir de la junte militaire malienne brandissent la menace de l’affrontement misant selon eux, sur les réelles capacités de l’armée malienne à neutraliser toute velléité de rébellion.
En témoignent les propos belliqueux du premier secrétaire parlementaire du Conseil national de transition, Amadou Albert Maïga « la tête du serpent est à Kidal » et « la guerre est inévitable ». On estime que ce dernier est le porte-parole de la junte disant tout haut ce que la junte militaire au pouvoir dirait, tout bas.
Sûr de l’armée malienne qui serait devenue très puissante, grâce à l’apport des russes, Amadou Albert Maïga jette de l’huile sur le feu. « Nous avons aujourd’hui une armée équipée et puissante, qui peut frapper à la vitesse de la lumière ».
Est-ce un nouveau ballon d’essai ? Une tentative de provocation pour jauger la réaction de Kidal ? Au regard du contexte sécuritaire, Bamako n’a visiblement aucun intérêt à déclencher un front supplémentaire voire superflu qui viendrait agrandir la capacité de nuisance des groupes armés contre l’armée nationale. Ce qui aggravera davantage le sort d’une population qui souffre déjà le martyre, depuis 2012.
Ainsi, les quelques rares colombes autour d’Assimi Goïta prendront le dessus, on l’espère sur les faucons qui ont déjà commencé à distiller la menace d’une guerre inutile entre les frères ennemis maliens.
ABOUBACAR SOUMAÏLA