Qui croire finalement au Mali entre l’autorité indépendante des gestions des élections (AIGE) et les membres du gouvernement de Transition conduite par le colonel Assimi Goïta ? Le très contesté scrutin du référendum constitutionnel du 18 Juin a suscité tellement de polémique au sein des forces politiques maliennes entre sa légalité, sa légitimité et le taux de participation estimé à 28% par les 3000 observateurs indépendants composés des acteurs des organisations de la société civile regroupées au sein du Model et de 38% par l’autorité officielle dite aussi indépendante de gestion des élections avant de se chiffrer officiellement et finalement dans les archives à 39, 4%.
Le décret portant convocation du corps électoral fait déjà l’objet d’une plainte en annulation pour non-conformité à la constitution malienne de 1992, auprès du juge constitutionnel. Aussi des partis politiques et autres organisations de la société civile contestent vigoureusement les résultats du scrutin référendaire du 18 Juin au Mali et ont déposé des recours en annulation devant le juge constitutionnel.
La région de Kidal s’est opposée institutionnellement à la tenue de ce scrutin référendaire aussi constitutionnel soit-il, dans toute l’intégrité de son territoire, d’autant que les ex-rebelles armés ont réussi à mettant en exécution « le refus de voter, le refus de faire voter et de laisser voter les populations de son espace territorial aussi bien pour les civiles que pour les militaires » au motif qu’ils ne se sentent guère concernés par le contenu de cette nouvelle constitution projetée pour le pays. La localité d’Aguelok où la télévision d’Etat avait montré des images d’une opération de vote simulée n’apparait plus au finish dans les résultats publiés par l’autorité indépendante de gestion des élections, bureau de vote par bureau de vote.
Plusieurs forces politiques opposées à ce référendum constitutionnel, à l’image des partis politiques, des acteurs de la société civile comme les religieux, qui préfèrent le terme d’Etat « multiconfessionnel » à « laïque » ont documenté la non tenue de ce scrutin référendaire dans plusieurs autres localités autre que la région de Kidal, ainsi comme au Centre du pays déjà occupé par les groupes armés terroristes membres soit du GNIM, soit du Catiba-Macina ou de l’état islamique au grand Sahara (EIGS) et aucune opération de vote n’a eu lieu en dehors des grandes villes comme Dienné, et ce exactement comme dans le Nord du Mali tenu d’une main de fer par la coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), des mouvements arabes de l’Azawad (MAA), du Gatia d’auto-défense du général Ag Gamou et des groupes des touaregs Daoussak et apparentés.
Au regard de ces résultats même officiels et proclamés par l’autorité indépendante de gestion des élections dont le « OUI » est donné gagnant avec 97%, la partition du Mali est perceptible aussi bien chez les ex-rebelles du Nord, qui affirment ouvertement au gouvernement de Bamako basé au Sud leur refus de coopérer à cause de la non intégration des Accords d’Alger et ses multiples violations les concernant directement, que les tenants des régions du Centre du pays. Pour beaucoup d’acteurs politiques et observateurs de la scène malienne, la validation des résultats du scrutin référendaire constitutionnel par le juge en la matière consacrerait une partition évidente du pays et de ce fait, il est préférable que le juge l’annule pour ainsi donner la chance au pays de Modibo Keïta et des Goïta de reprendre un dialogue politique inclusif à la recherche d’un consensus politique pour préserver l’intégrité du Mali, même si cela va impacter négativement sur le calendrier de la Transition au Mali, l’enjeu le commande.
En attendant le verdict du juge constitutionnel, les forces politiques maliennes se tournent le dos et chacune campe sur sa position, sans donner la moindre chance au dialogue dont toutes savent qu’il est la seule voie royale de la reconquête d’un Mali uni et fort. Pour l’heure, les voix discordantes des forces politiques contribuent grandement à l’exacerbation de la division du pays, déjà schématisée par le Sud tenu par Bamako et Kati, le Centre disputé entre groupes armés terroristes et le Nord tenu par les ex-rebelles du CMA et ses groupes armés alliés qui prennent la forme d’une partition, au moment où il paraît impérieux pour le Mali de renouer avec une République démocratique conformément à l’engagement pris par la junte militaire avec la CEDEAO.
MOUSSA NAGANOU