L’artiste et activiste malien Mohamed Youssouf Bathily alias « Ras Bath », a été arrêté le 13 Mars et placé sous mandat de dépôt après ses accusateurs sur la mort de l’ex-Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga. Selon lui, la junte militaire au pouvoir est responsable de la disparition de l’éminent homme politique. Des propos qui constituent une audace dans ce pays où toute critique à l’endroit de la transition est considérée par les fanatiques du régime comme une haute trahison ou un crime de lèse majesté
Il ne fait pas bon de critiquer la junte au pouvoir « à Bamako » (à défaut de contrôler le reste du pays). Mohamed Youssouf Bathily dit « Ras Bath », l’a appris à ses dépens. En effet, l’artiste et activiste a été arrêté le lundi 13 Mars par des éléments de la police. L’artiste qui est connu pour ne pas avoir la langue dans sa poche, a déclaré le 11 Mars lors des 3è assises nationales de l’Alliance pour la solidarité au Mali-Convergence des forces patriotiques (ASMA-CFP, le parti du défunt Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga), que l’ancien Premier ministre mort en détention, il y a un an, avait été « assassiné ». Selon lui, Soumeylou Boubèye Maïga « n’est pas mort, il a été assassiné, c’est le terme qu’il faut ». Des accusations graves portées visiblement contre la junte malienne qui avait pratiquement refusé d’évacuer l’illustre malade malgré les demandes incessantes de sa famille et les cris d’alarme de ses proches.
Deux hypothèses peuvent être émises à propos de ces accusations pour le moins graves : soit l’activiste considère le refus d’évacuer Soumeylou Boubèye Maiga comme une « non assistance à personne en danger » assimilable à un crime, soit il dispose des éléments prouvant que l’ancien Premier ministre avait été physiquement assassiné.
Pourtant, pour qui connait RAS BATH, membre du Collectif pour la défense de la République dont il est le porte-parole, cette liberté de ton est loin d’être surprenante. En effet, il avait auparavant émis de vives critiques contre les différents régimes qui se sont succédés à la tête du pays, en raison de la mauvaise gouvernance sociale et sécuritaire du pays. Il s’est fait du reste un label lors des manifestations contre le régime d’IBK devenu impopulaire à causes des affaires scabreuses qui ont émaillé la gestion du pouvoir par le défunt président, notamment la question de la lutte contre le terrorisme. Il avait fini par être arrêté en 2017pour «incitation à la désobéissance des troupes ». Les manifestations violentes qui ont suivi cette arrestation, ont abouti à sa libération en Novembre 2017.
Le renversement du régime d’IBK n’a pas refroidi les ardeurs contestatrices de l’activiste qui, fidèle à son engagement, a commencé à critiquer la gestion des colonels arrivés au pouvoir par les armes.
Son arrestation prouve si besoin est à quel point les autorités maliennes sont frileuses sur les questions de liberté d’expression. Il appartiendra cependant à l’artiste d’étayer les graves accusations portées contre le régime avec les preuves qu’il dispose, afin de pouvoir se sortir des griffes de la junte.
Cependant, s’il dispose des preuves de ces accusations, l’on peut dire sans risque de se tromper que la vie de RAS BATH est en danger. En effet, les faucons du régime pourraient être tentés de le faire taire une fois pour toute.
GARE AMADOU