Les forces armées maliennes (FAMAs) affirment avec une forte émotion à la gorge « qu’elles ont pris
position à Kidal », au cœur de la ville rebelle du grand Nord échappée depuis longtemps au contrôle
de Koulouba, la présidence de la République malienne et ce, depuis onze ans. D’autant que
l’occupation de la ville de Kidal par les ex rebelles Touaregs et apparentés comme capitale de l’État
d’Azawad en gestion remonte en 2012, lorsque l’armée malienne avait été stoppée net aux portes de
celle-ci par l’armée française (venue à l’époque pour « sauver le Mali »), au motif que les ex rebelles
étaient leurs ‘’amis ou alliés’’ et dont le Colonel Assimi Goita à l’époque aux rangs des soldats
maliens étaient retenus là, Goita se révèle être l’un des plus grands témoins de l’histoire à ce sujet et
garde encore le souvenir vivant et amer d’une telle humiliation pour une armée nationale.
Le parcours des combattants pour la reconquête de Kidal !
À en croire toutes les sources d’informations, l’armée malienne aura bénéficié d’une haute
technologie de la guerre classique de la Russie y compris les outils techniques de vision nocturne
déployés pour avancer discrètement et invisiblement vers le siège de l’ennemi, durant un long
parcours d’une centaine de kilomètres en rase campagne, faite des dunes de sable, des voies
impraticables et d’obstacles divers liés à la nature du terrain que seuls les bandits armés, les
trafiquants de drogue, de cigarettes, de thé, des métaux précieux et des forces de l’ordre se
disputent souvent le territoire dans une jungle totale. Repli tactile ou défaite acceptée ? Car en
arrivant à Kidal, les soldats maliens ont trouvé que les populations et combattants des membres des
ex rebelles se sont retirés de la ville rebelle pour laisser place à une localité fantomatique, vidée de
ses habitants par instant de survie et donc de peur d’être massacrés !
«Prendre position dans une ville est une chose », mais « en prendre le contrôle en est une autre ».
L’armée malienne a d’ores et déjà appelé les populations kidaloises bien qu’invisibles «au calme et à
la sérénité», dans un communiqué rendu public dans la mi-journée du 14 Novembre 2023.
La prise de Kidal, un véritable trophée pour Assimi Goita de rester ad vitam æternam au pouvoir ?
La reconquête de Kidal revêt une grande justification politique pour le Colonel Goita, d’autant que la
ville supposée être la future capitale de l’Azawad, le pays en gestion avancée, qui devrait être taillée
sur mesure entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, en grignotant une partie du territoire de chaque
État du Sahel central en proie déjà à une crise politique, sécuritaire et socio-économique d’une
ampleur encore grandissante. Si cette reconquête se confirme par un contrôle effectif de la région de
Kidal, le Colonel Assimi Goita peut bien dormir tranquillement sur ses lauriers aussi bien dans le
palais de la garnison militaire de Kati comme dans celui de Koulouba pour avoir redorer le blason de
son pays, après l’humiliation de 2012 à Kidal.
Les Colonels de Bamako jouent ainsi leur va-tout pour concrétiser la prise de la ville stratégique de
Kidal dans le processus même de justification de leur double coup, en 2020 et en 2021. La reprise de
Kidal dans le giron des combattants des ex rebelles armés passe pour un grand trophée à présenter
aux Maliens, à être célébré comme tel et un des meilleurs moyens de justification de la candidature
du Colonel Assimi Goita tel un libérateur, bientôt mué en civil, pour l’élection présidentielle
prochaine, en troquant le treillis contre les boubous probablement blancs pour la reconquête de son
« Mali Ba » par les urnes.
MOUSSA NAGANOU