L’Afrique va-t-elle enfin créer la surprise au mondial de Qatar ?
C’est la question que se posent à tous les africains amoureux du ballon rond, qui espèrent de voir enfin un pays africain accéder à la demi-finale. Tout africain ayant suivi la coupe du monde en 1990 en Italie garde encore vivace le souvenir du parcours exceptionnel des lions indomptables du Cameroun, qui ont hissé l’étendard de l’Afrique haut, en quart de finale, suscitant ainsi une fierté légitime, sans pareille. Roger Milla et ses coéquipiers ont écrit l’une des plus belles pages du football africain.
Leur brillante prestation avait honoré le Cameroun et l’Afrique entière, en brisant les tabous et autres préjugés, qui étaient construits autour de la capacité des africains à atteindre un tel sommet dans la galaxie du football mondial. L’Afrique a commencé à nourrir de réels espoirs de voir ainsi une de ces équipes remporter le trophée mondial. Depuis ce moment historique, l’Afrique « court et court» toujours à la quête d’une place en demi-finale, malgré le nombre de places revues à la hausse pour l’Afrique.
Cette question du nombre de places était perçue par les africains eux-mêmes comme une discrimination à leur égard, au vu du traitement réservé à d’autres continents.
Ce sont cinq représentants du continent africain dont le Sénégal, le Maroc, le Ghana, la Tunisie et le Cameroun qui ont la lourde mission de défendre les « couleurs » de l’Afrique à la coupe du monde au Qatar. Depuis la qualification de l’Égypte en 1934, seuls trois dont le Cameroun (1990), le Sénégal (2002) et le Ghana (2010) ont pu atteindre le niveau historique des quarts de finale.
En Russie, à la dernière coupe du monde, grande fut la déception de voir qu’aucune équipe africaine n’a franchi le premier tour. Les analystes avaient critiqué la mauvaise préparation des équipes africaines, qui ne mobilisaient leur troupe qu’à l’approche de la compétition. Certains étaient plus acerbes dans leurs propos assimilant un problème de manque de niveau comparativement aux équipes européennes ou celles de l’Amérique Latine.
Aujourd’hui, l’espoir qui repose sur le Sénégal championne d’Afrique s’est envolé avec le forfait de la figure emblématique du football africain qu’est Sadio Mané, son plus talentueux joueur. Le Sénégal est sévèrement « amputé » d’une pièce maîtresse dont la seule présence sur le terrain suffit à accroître la confiance des autres joueurs et surtout à semer la panique dans les rangs de l’équipe adverse. L’aura de Sadio Mané va beaucoup manquer à cette équipe du Sénégal, qui aura beaucoup de peine à compenser le vide ainsi créé par son « idole ».
Sans Sadio Mané, le mondial perd aussi une partie de son engouement surtout auprès des supporters africains.
Quant au Cameroun, il faut l’avouer qu’il n’a pas la même puissance qu’avait démontré le grand lion indomptable que fut Roger Milla en 1990. Samuel Eto’o fils dirige une équipe chancelante à la croisée des chemins.
Les autres équipes africaines telles que celles du Ghana, du Maroc et de la Tunisie ne paraissent pas avoir un niveau au dessus de la moyenne. Elles pêchent aujourd’hui bien évidemment par leur incapacité à anticiper la compétition. Espérons qu’elles nous réserveront une bonne surprise comme au mondial de 1990, en Italie. Pour l’heure, l’Afrique doit révolutionner son football, si elle veut se hisser au sommet. A ce titre, la voie du travail acharné, un football assorti d’une meilleure organisation et avec une bonne rémunération des joueurs professionnels sont sans doute indispensables.
ABOUBACAR SOUMAÏLA