Le Burkina Faso dans l’œil du cyclone, c’est l’impression qui se dégage des propos accusateurs du colonel-major Kassoum Coulibaly, ministre de la défense et des anciens combattants tenu le mercredi 3 Mai 2023. C’est à l’occasion de la rencontre avec les acteurs des organisations de la société civile (OSC) et les mouvements syndicaux que le colonel Kassoum Coulibaly a tenu à faire le point sur la situation sécuritaire de son pays.
Les propos du ministre loin de faire uniquement le bilan sur la situation sécuritaire que vit le Burkina Faso, ont surtout porté sur les multiples dénonciations de complot à l’encontre des auteurs dont les identités n’ont pas été déclinées. Déjà le mardi 2 Mai 2023, les autorités burkinabè par la voix du porte parole du gouvernement, Jean Emmanuel Ouedraogo dénonçait « des messages alarmistes lancés notamment sur les réseaux sociaux, qui font état de supposées menaces sur le palais du Mogho Naaba et appellent les citoyens à se mobiliser pour la défense dudit palais ».
Ce complot qui aurait cours à l’intérieur du Faso se trouve supplanté par un autre plus vaste dont les auteurs demeurent inconnu « il y a actuellement une coalition internationale contre le Burkina Faso. Il faut que vous le compreniez ».
Le complot perçu tant à l’intérieur qu’à l’international devient un puissant moyen de diversion au peuple, en faisant fi des dures réalités de la lutte inefficace contre le terrorisme. Quant aux données relatives à la lutte contre le terrorisme apportées par le ministre elles tendent à préciser que le Burkina Faso mène cette lutte en comptant uniquement sur ses propres forces sans avoir recours à un allié tel que les mercenaires de Wagner.
Selon les propos du colonel Kassoum Coulibaly « nous sommes en train d’agir par nos propres moyens, peu de gens interviennent… Le Burkina Faso demande uniquement qu’on nous envoie des moyens pour que nous fassions cette bagarre. On n’a pas besoin d’un soldat étranger, nous allons gérer notre affaire nous-mêmes ».
Pourtant, le ministre de la défense confirme le rapprochement du Burkina Faso avec la Russie, ce qui contredit le fait que le Burkina Faso fait cavalier seul dans cette guerre asymétrique contre l’hydre terroriste. Pour l’heure, la stratégie de l’isolement est loin de porter ses fruits et suscite même des inquiétudes au sein des populations qui vivent les affres de cette guerre dont les exactions commises dernièrement par des hommes en tenue militaire amènent des observateurs avertis à craindre une dérive génocidaire. Le colonel Kassoum Coulibaly reconnaît, toutefois que la menace terroriste demeure réelle et ne saurait être éradiquée facilement, avec une baguette magique, en prônant la vigilance des burkinabè « attention aux attentats suicides ! Attention aux camions guidés ! Attentions aux véhicules piégés ! C’est dire que même une ambulance, un corbillard, nous essayons de faire attention. De grâce, comprenez les FDS qui fouillent souvent dans les rues, dans les quartiers, ça vaut la peine. Il faut que le Burkina reste ».
ABOUBACAR SOUMAÏLA