Pourquoi le Niger se porte mieux dans un contexte sous régional au bord de l’éclatement
Le Niger, tel qu’il est parmi les autres, tel qu’il est dans un environnement sécuritaire particulier, a adopté une politique sécuritaire à la fois audacieuse et pragmatique. Le schéma emprunté par le président de la République, Mohamed Bazoum et son gouvernement participe sérieusement au maintien de la place qu’occupe le Niger dans la sous-région d’être le pays qui se porte « mieux».
Certes, il ne faudrait pas minimiser la douleur et la souffrance de ces déplacés internes qui abandonnent leurs terres pour des raisons d’insécurité, mais les efforts fournis par le gouvernement ont permis jusque-là de circonscrire les menaces terroristes. Exposé à trois foyers de tensions, notamment à l’est par les assauts des groupes terroristes Boko Haram et l’État islamique, ISWAP ; à l’ouest par les menaces des groupes armés tels qu’Al Qaïda au Maghreb Islamique, EIGS etc., et au sud à la frontière nigériane par le banditisme armé, le Niger a réussi à contenir l’extension du terrain d’opération des groupes terroristes et autres bandits.
Dans l’impossibilité d’occuper un espace sur le sol nigérien, ces groupes se contentent de faire, de façon épisodique des incursions pour s’attaquer aux forces armées nationales et parfois même aux civils. Et même là, la capacité des forces de défense et de sécurité permet de plus en plus de déjouer toute agression.
Le secret d’une telle singularité nigérienne s’explique par la politique mise en œuvre par le Présidant de la République qui vise à limiter de la confusion politique et la division Nationale. En effet, dans un contexte sécuritaire tendu, la faiblesse du pouvoir et les discordances politiques auront pour conséquence logique de maintenir le pays dans la stagnation et l’inaction.
Au moment où le rejet de la démocratie et de l’État de droit est chanté par certains groupes mus par le populisme comme solution préalable au problème sécuritaire, le Niger a fait le pari de renforcer ses institutions démocratiques en organisant des élections à intervalle régulier malgré le contexte sécuritaire particulier. Cet attachement à la démocratie a connu son épilogue avec la première passation du pouvoir entre deux présidents démocratiquement élus en 2021.
Pour la consolidation de cet acquis démocratique le chef de l’Etat a opté pour l’apaisement du climat politique en engageant un dialogue entre le pouvoir et l’opposition politique dont la résurrection du Conseil National de dialogue politique (CNDP) constitue l’aboutissement. Les séances de ce cadre formel de dialogue participent à la mise en œuvre d’une stratégie vitale d’implantation d’un climat politique serein, condition sine qua non pour réussir toute entreprise de reconquête du territoire national.
Au-delà du dialogue politique, un autre dialogue souterrain entretenu par l’État avec certains membres des groupes armés ayant abouti à la défection d’un nombre important des combattants de la secte maléfique, Boko Haram au bord du lac Tchad a permis de réduire drastiquement la capacité de nuisance de l’ennemi sans effusion de sang.
Ensuite, le second élément qui justifie les résultats probants du Niger dans la lutte contre le terrorisme, c’est la définition d’une stratégie de défense claire, basée sur l’équipement, la formation et le recrutement. Les différentes unités des forces de défense et de sécurité sont renforcées à travers un recrutement régulier. La qualité de l’effectif est aussi renforcée à travers les diverses formations entreprises à tous les niveaux.
La valeur ajoutée d’une telle option s’explique par le fait que dans un contexte de guerre, en l’absence d’un choix clair et précis, la passivité s’érige en principe et paralyse toute initiative. Dans l’espace sous régional où l’opinion cède parfois à l’illusion de copier ce qui se passe ailleurs, sans prendre le temps d’en mesurer l’impact, le gouvernement a dans sa politique sécuritaire fait preuve de sérénité et assume sans gêne ses choix.
Cela a eu l’avantage d’éviter au Niger de se retrouver dans le tâtonnement et l’inaction. Les perspectives d’avenir du point de vue sécuritaire sont loin d’être sombres. Le Niger réussira comme la Mauritanie à s’en sortir face cette crise sécuritaire qui n’a que trop durer.
ABDOUL KADER ABOU KOÏN