Suite à la décision actée du retrait des forces armées françaises d’ici un mois, exigée par le Burkina Faso à compter du 18 janvier, la réaction du président français Emmanuel Macron ne s’est pas faite attendre. Ainsi, Emmanuel Macron dit attendre « des clarifications » de la part des autorités Burkinabè sur la demande de départ des troupes françaises stationnées dans ce pays.
En outre, il a évoqué une « grande confusion », lors d’une conférence de presse et attend que le président de la transition du Burkina, Ibrahim Traoré, « puisse s’exprimer », en appelant à « garder beaucoup de prudence » sur le sujet. Pourtant, cette décision conflictuelle est confirmée par un document officiel transmis à l’AFP.
Le Burkina héberge un contingent de près de 400 hommes, constitués des forces spéciales françaises, dénommée « la force Sabre ».
Mais depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré, on assiste fréquemment à des manifestations anti-françaises exigeant notamment le retrait des forces françaises en remplacement des mercenaires russes de Wagner.
La confirmation du partenariat avec la Russie n’a étonné aucun observateur averti, au regard du contexte de désamour à l’égard de la France et qui prévaut désormais dans la sous région du Sahel. Le voisin malien en est la parfaite illustration.
Le capitaine Traoré et son gouvernement ont manifesté leur volonté de diversifier leurs partenariats, dès leur arrivée au pouvoir. Cette stratégie de diversification des partenaires concernait en premier lieu la lutte contre le terrorisme, qui continue d’endeuiller ce pays depuis 2015.
Pour ce faire, Ouagadougou a accordé la primauté à la Russie. « La Russie est un choix de raison dans cette dynamique » et « nous pensons que notre partenariat doit se renforcer » aux dires du Premier ministre burkinabè, Apollinaire Kyélem de Tambela, lors de sa rencontre avec l’ambassadeur de Russie, Alexey Saltykov à Moscou, en début décembre.
Seul bémol à ce jour, la France n’a pas encore confirmé l’accusé de réception du dit document des autorités burkinabè. Malgré la position affichée de la junte militaire burkinabè de se « débarrasser » des forces armées françaises, l’exécutif français a décidé de jouer à l’autruche par un déni de réalité.
Et pourtant, l’histoire récente des évènements qui ont ponctué la transition politique sous le capitaine Ibrahim Traoré nous révèle que toutes les allégations considérées dans un premier temps comme des rumeurs et donc mensongères ont fini par se confirmer au grand dam de la France.
Il ne s’agit plus d’attendre qu’une « voix autorisée » se prononce sur cette affaire pour que la France ait le cœur net, dans la mesure où la voix la plus autorisée au pays des hommes intègres ne se retrouve que dans la rue. La rue gouverne au Burkina Faso et est la seule maîtresse de la stratégie sécuritaire au pays de Thomas Sankara.
ABOUBACAR SOUMAÏLA