Les opportunités du double sommet de Niamey !
Le Niger a abrité le 25 novembre dernier, un double évènement à savoir la Conférence de l’Union africaine sur l’industrialisation, ainsi que le sommet des Chefs d’Etats du continent sur la Zone de Libre échange continentale Africaine (ZLECAF). Ces deux rendez-vous d’envergure continentale n’ont pas été des rendez-vous manqués, selon le ministre du commerce Alkache Alhada, qui a accordé un entretien exclusif à Rfi.
Alkache Alhada a rappelé que concernant la ZLECAf, «le sommet s’est penché sur le nombre d’États qui ont signé et ratifié les textes fondateurs. Vous savez, sur les 55 États, il n’y en a qu’un seul qui n’a pas signé, l’Érythrée. 44 ont ratifié, donc il y a encore une dizaine de pays qui n’ont pas ratifié, et évidemment le sommet a appelé les États qui n’ont pas encore ratifié ou signé à le faire ».
Outre cette question, le sommet a également mis en exergue de nombreuses avancées dans le domaine. Ainsi, il a expliqué que « pour la mise en place de la Zlecaf, chaque pays va dresser la liste des produits pour lesquels il est prêt à lever les barrières afin que ces produits circulent librement. Déjà, la plupart des États membres ont fait leur « offre d’accès au marché » sur le commerce des marchandises et le commerce des services. Je crois qu’il y a déjà à peu près 90% pour ce qui concerne les listes de constitution tarifaire. Je crois que c’est assez encourageant ». Il a ajouté qu’«il y a d’autres règles également, comme celles dites les règles d’origine. On va dire qu’elles sont aussi en cours de finalisation. Environ 88% des règles d’origine ont déjà été conclues, il y a évidemment des questions qui sont en suspens sur le secteur de l’automobile, le secteur du textile et puis les produits de base ».
Sur la question de la lenteur de la mise en œuvre de la ZLECAf, le ministre Alkache Alhada s’est voulu catégorique : « il y a quand même des enjeux, c’est normal quelque part que ce soit lent, mais il y a des progrès notables qui sont réalisés. Pour certains produits, il y a eu une expérience récente, qui a regroupé huit pays. Ces pays ont déjà commencé à échanger entre eux un certain nombre de produits, cela concerne essentiellement le café, le cacao, le thé. C’est pour vous dire que ce projet n’est pas une vue de l’esprit, il devient de plus en plus une réalité ».
Le ministre a rappelé le lien étroit entre Industrialisation et Zone de Libre échanges continentale. Ainsi, selon Alkache Alhada, « que le commerce soit florissant au niveau interafricain, il faut déjà produire des biens et des services. Sans industrialisation, on n’aura pas beaucoup de biens qui vont circuler au niveau des États, et donc le lien parait tout à fait évident ».
Sur la voie que le Niger entend emprunter pour amorcer un redécollage industriel, le ministre du commerce a rappelé que lors de son discours prononcé à l’ouverture des travaux de ces deux grands évènements continentaux, le président Mohamed Bazoum avait mis en exergue « la nécessité pour l’Afrique d’aller rapidement vers cette industrialisation, en mettant l’accent sur l’agro-industrie. Il trouvait totalement absurde que nous importions du lait, que nous importions de la viande alors que nous-mêmes nous avons, pour ce qui concerne par exemple le Niger, un cheptel très appréciable qui est estimé entre 50 et 70 millions de têtes de bétail. En Afrique, avec ces terres cultivables, avec ces potentiels au niveau de l’irrigation, au niveau climatique, nous avons la possibilité de développer des industries agro-alimentaires. Nous pouvons être complètement indépendants et même exporter des produits agricoles pour le reste du monde » a-t-il souligné.
Il apparait ainsi au vu des propos du ministre du commerce, que les deux chantiers que sont l’industrialisation et la ZLECAf sont bel et bien sur les rails. Il appartiendra aux Chefs d’Etats de l’UA de faire en sorte que les flammes allumées à Niamey soient le ferment d’un nouvel envol de l’Afrique, afin que le continent puisse jouer sa partition dans le concert des continents.
GARE AMADOU