Des voix des jeunes militants et activistes commencent à s’élever pour dénoncer le comportement des cadres, des élus et interpeler les plus conscients sur l’avenir de Lumana Africa et de son président fondateur, aujourd’hui réduit à l’image d’une autorité morale, éloignée des partisans et absente de son pays. Récemment, une des rares réunions tenues à Niamey a été illustrative.
Bien que comparaison ne soit pas raison, Hama Amadou, l’autorité morale du mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine, (Moden-Lumana Africa), le parti qu’il a créé en 2010 semble l’avoir oublié totalement ou presque, en moins de deux ans seulement. Pourtant, il est comparé à l’ex président de la République Issoufou Mahamadou, en termes de leadership et d’autorité personnelle. Hama Amadou avait quitté le pays au terme des élections présidentielles et législatives de 2021 pour cause de soucis de santé.
Il avait bénéficié d’une évacuation sanitaire sur Paris pour sortir de la prison de Filingué pour aller se soigner. Interpelé avec plusieurs de ses camarades suite aux violences postélectorales, Hama Amadou était admis à l’hôpital américain de Paris.
Le parti lui avait réitéré sa confiance et maintenu sa candidature à l’élection présidentielle 2020-2021, en dépit des désaccords avec les dispositions du code électoral nigérien. Une candidature rejetée par la cour constitutionnelle par la suite, en visant le code électoral pour sa condamnation à un an de prison ferme par la cour d’appel de Niamey.
Des sources concordantes affirment que l’autorité morale du Moden-Lumana Africa se porte à merveille en France et devrait même regagner son pays. Mais depuis, un silence radio a pris le dessus sur la réalité de son retour.
Que devient le parti de Hama Amadou ?
A travers le pays, plusieurs militants ont fait des signes d’alliance au parti socialiste nigérien au pouvoir, en quittant avec armes et bagages le parti au cheval aillé. Dans les huit régions du pays, des leaders ont affirmé leur départ de Lumana-Africa pour le PNDS Tarayya.
Si Isoufou Issaka, l’ancien coordonnateur régional Moden-Lumana Africa de Tillabéry a quitté très tôt le navire pour affirmer son adhésion au parti socialiste nigérien, peu ont eu le courage de le faire ouvertement. A l’épreuve des faits, l’on se rend compte aujourd’hui qu’à l’intérieur du parti plusieurs leaders politiques font semblant de militer et ne s’engage plus véritablement pour mouiller les boubous au profit du parti et même du sauvetage de l’autorité morale.
Les noms du député Soumana Sanda et du député-maire Moumouni Dogari reviennent régulièrement dans les commentaires des militants déçus de l’attitude des responsables du parti. Une source politique indique qu’il n’y a plus des réunions des instances du parti depuis la fin des élections générales 2020-2021.
Plusieurs structures décisionnelles de niveau régional sont régies par des intérims alors même qu’elles devraient être définitivement réglées. Dans les huit régions du pays, six coordinations régions sont régies par des intérims pour un parti qui jouit du statut de Chef de File de l’opposition avec 26 députés à son actif.
Une bonne source précise que seule la coordination régionale de Niamey dirigée par le député Soumana Sanda et celle de Dosso dirigée par Saïdou Tahirou dit « Parc 20 » sont élus et donnent l’impression d’une stabilité de façade du parti.
La même source indique que la présidence de Soumana Sanda à la coordination régionale de Niamey pose un défi de légitimité et présente donc la faiblesse d’être intervenue dans une période de litige avec le groupe de Méréda, une dissidence du parti, qui a également rejoint le PNDS Tarayya.
Ainsi seule la présidence de Tahirou Saïdou jouit d’une bonne légitimité aujourd’hui. Les six autres régions notamment, Tillabéry, Agadez, Maradi, Diffa, Zinder et Tahoua sont dirigées par des présidents intérimaires. Ce qui n’honore pas un parti, qui a remporté 26 députés à la dernière échéance électorale et se positionne aussi comme une formation politique d’envergure nationale.
L’on note également une désertion massive y compris des grands leaders dans ces régions citées. Un parti qui se soucie pas de rang politique, de son rôle sur l’échiquier politique, de son président fondateur va être utile comment aux militants et aux autres citoyens, qui croient à la démocratie ?, s’inquiète un militant ayant requis l’anonymat par nos soins.
Hama Amadou, le business des cadres du parti !
« Personne ne met la question du fondateur de Lumana au centre de sa préoccupation. Les cadres du parti et les députés nationaux élus, les maires au titre de ce parti se frottent les mains, en faisant des affaires. Ils font leurs affaires avec le nom de Hama Amadou mais ne le soutiennent nullement. Ils s’en foutent pas mal de lui. S’il revient, ils vont courir pour aller le voir et se pavaner devant lui.
Mais en réalité, ni le sort du parti ni celui de Hama Amadou ne constitue plus leur problème. Ils pensent qu’au terme de la mandature, Hama va venir donner l’ordre seulement de voter pour eux encore pour éviter la dislocation du parti », accusent cet autre militant dont la déception est perceptible sur son visage. Beaucoup des militants de Lumana fréquentent des responsables de Tarayya pour vendre le parti à vil prix à travers des services divers. (A suivre).
MOUSSA NAGANOU