C’est un véritable test à la démocratie que se livrent les Bissau-guinéens le dimanche 4 Juin 2023, dans un pays abonné aux coups d’État depuis son accession à l’indépendance en 1974. Contrairement à son voisin Cap Verdien, avec qui elle partage le même colonisateur en l’occurrence le Portugal, la Guinée Bissau s’est caractérisée par une véritable instabilité politique, depuis son indépendance, à l’instar des pays dirigés par une classe militaire qui dicte ses lois à la population.
C’est en fin 2019 qu’est proclamée la victoire d’Umaro Cissoco, lors des élections présidentielles contre le candidat de l’ex-parti unique au pouvoir depuis 1974, le PAIGC. Mais la cohabitation du président Umaro Cissoco d’avec certains partis politiques connait des difficultés au point d’aboutir à une rupture d’alliance. Fort de ses prérogatives constitutionnelles, le président Umaro Cissoco a décidé il y a de cela un an de la dissolution de l’Assemblée nationale faisant de lui désormais le seul maître à bord du bateau Bissau-guinéen.
Ce monopole du pouvoir dans sa durée pourrait écorner l’image de la démocratie naissante dans ce pays déjà tristement célèbre pour ses différents pouvoirs aux accents monarchiques. Le temps aura certainement permis au président de mieux se préparer afin de permettre l’émergence d’une Assemblée nationale acquise désormais à sa cause.
Il faut donc lutter contre l’instabilité politique qui par le passé a été la marque de fabrique de la Guinée Bissau et a largement participé à la paupérisation avancée des masses dans ce petit État de l’Afrique de l’Ouest. Ces élections législatives qui se déroulent un an après la dissolution de l’Assemblée nationale permettront donc un retour à l’ordre constitutionnel habituel par l’installation d’une nouvelle Assemblée nationale avec pour corollaire la nomination d’un Premier ministre.
Pour l’heure, les élections se sont déroulées dans une ambiance de paix et de quiétude à la grande satisfaction des autorités Bissau-guinéennes et de la CEDEAO. C’est un véritable cachet apporté à la volonté du peuple Bissau guinéen et de ses dirigeants de définitivement tourner la page au passé politique turbulent de ce pays, afin de rejoindre le camp des prometteurs des valeurs démocratiques de la région dont récemment le cas du Nigeria a été une parfaite illustration du fait de l’investiture de son président élu démocratiquement.
ABOUBACAR SOUMAÏLA