Nous avions écrit dans un de nos précédents articles que l’opposition politique nigérienne commence désormais à devenir un peu plus intelligente. Avant, elle croyait pouvoir venir à bout du PNDS-TARAYYA par le seul déni systématique de tout: de ses réalisations, de ses mérites tout comme de la légitimité de son pouvoir. Et pourtant, pour comprendre pourquoi le PNDS-TARAYYA est fort, il faut et il suffit de comprendre pourquoi ses adversaires se sont affaiblis.
A ce niveau, l’opposition nigérienne semble en fin avoir entrepris un premier pas. Elle change de fusil d’épaule, en scrutant les conditions d’une division au sein du PNDS-TARAYYA. Le déclin des partis politiques est surtout dû aux conflits d’intérêts ou de compétences à leurs sommets.
Tel fut le cas au MNSD et au CDS-Rahama. Le PNDS-TARAYYA a su l’éviter et conserve naturellement sa force de frappe, sinon qu’il la renforce toujours davantage. Au MNSD surtout le déclin était venu avec l’impatience de Hama qui ne sait pas être un bon second. L’après conférence nationale de 1991 a malheureusement laissé courir cette idée, peut-être vraie mais politiquement et sûrement très nocive pour lui.
C’était, dit-on Hama qui avait sauvé le MNSD-NASSARA du naufrage « programmé » par les forces du changement. C’était là des fleurs toxiques qu’il n’avait pas su exploiter. Son égo surdimensionné le poussait ainsi à préparer la succession de Tandja dès l’entame du premier mandat de celui-ci. Une erreur difficile à admettre de la part de celui qui se plaisait à dire avoir été un proche collaborateur de Seyni Kountché.
Entant que premier ministre, il se plaisait à vouloir peser plus que le président Tandja. Nous avions depuis lors compris qu’il lui manquait de lucidité politique et qu’à la limite il se brûlait les ailes. Un homme politique qui veut briller plus que son chef n’aura jamais d’avenir.
C’est le corps entier de l’histoire qui le confirme. « Never out shine your master« , disait Robert Greene. Le chef dit-on, c’est celui qui règne. C’est une erreur monumentale pour un subordonné de vouloir exhiber ses compétences au point de paraître plus compétent que le chef.
Plutôt que de le rassurer d’avoir un collaborateur compétent, de tels comportements suscitent l’inconfort et le chef se sentirait mieux en vous remplaçant par un autre moins compétent mais plus soumis, qu’il peut confortablement guider. C’est la nature humaine qui est ainsi faite.
A l’époque Hama disait même: « Ce n’est pas un Seïni Oumarou qui va me remplacer ». Et pourtant, Seïni l’avait remplacé de la plus belle des manières. Naturellement aussi, celui qui veut plus briller que son Chef ne pourra pas maintenir une équipe en confiance dans l’hypothèse même qu’il devienne lui-même le Chef.
Il va toujours manquer de valoriser et fédérer ses subordonnés. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le Lumana aussi, sitôt né s’était divisé pour donner d’autres micro-partis comme Amen Amin et ainsi de suite. Au PNDS-TARAYYA, où les hommes ont lu les principes de la politique, qui ne suscitent d’ailleurs que répugnance chez une certaine famille politique, de telles erreurs n’ont pas droit de cité. Les hommes savent attendre leur tour et ne font surtout pas de la fonction suprême pour soi l’ultime objectif. Ils la veulent surtout pour le parti.
C’est ce qui donne au parti cette résilience, cette longévité aujourd’hui devenues cauchemardesques pour ceux qui questionnent la terre de jour comme de nuit. Hier, la cérémonie de présentation du trophée attribué à l’ancien Président Issoufou Mahamadou par la Fondation Mo Ibrahim, a donné l’occasion de mesurer cette immense réalité. Le Président Mohamed Bazoum a finalement donné la réponse qui clôt le débat, la réponse du berger à la bergère.
Ainsi disait-il aux prophètes du malheur : « Je lis avec amusement les nombreuses théories et analyses développées par tous ceux qui ont fait de notre relation actuelle vous et moi une spécialité et qui jouent aux cassandres. Je voudrais leur dire une fois de plus qu’ils en seront pour leurs frais. Ils s’épuiseront à scruter l’horizon et attendre en vain ».
ASMANE SAADOU