Ouagadougou accueille ce jour 9 février 2023, un sommet des ministres des Affaires étrangères des trois pays, que sont le Mali, la Guinée et le Burkina Faso. Abdoulaye Diop, le ministre des Affaires étrangères du Mali a été accueilli par son homologue burkinabè Olivia Rouamba, ministre de la Coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur mercredi soir à l’aéroport international de Ouagadougou.
Elle avait à ses côtés pour l’accueil, le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et des Guinéens de l’étranger, Dr Morissanda Kouyaté.
Cette réunion fait suite à la visite du ministre des affaires étrangères russe Sergueï Lavrov au Mali. Cette visite a offert une véritable tribune au diplomate russe, qui a saisi cette opportunité pour tirer à boulets rouges sur l’occident, en l’accusant d’abuser des pays africains enfermés dans un esclavage à vie, du fait d’un partenariat basé sur un contrat léonin, en faveur des pays occidentaux. L’axe Mali-Russie vient de prendre vie à Bamako sous la conduite de la junte militaire malienne.
C’est le lancement d’une coopération, qui selon l’agenda russe, clairement exprimé par Sergueï Lavrov devra s’étendre à d’autres pays. Pour ce faire, l’empire russe devra dans un premier temps chercher à étendre ses tentacules aux pays offrant des prédispositions à sa cause. Le deuxième pays de la sous région à part le Mali, qui a déjà montré une inclinaison en faveur de la Russie est bien évidemment le pays des hommes intègres, dont le capitaine Ibrahim Traoré tient les rênes depuis le renversement du colonel Damiba.
Ce pays déjà a manifesté ses intérêts vis à vis du Mali, avec qui il envisage de créer une fédération sous les auspices du mentor russe. L’accélération des évènements en lien entre le Burkina Faso et la France, en particulier la demande de départ de la force Sabre, témoigne d’une volonté de rupture d’avec la métropole favorisant un terreau fertile à l’ancrage russe dans ce pays.
Reste la Guinée Conakry tombée aussi sous la férule de la junte militaire qui a renversé le professeur Alpha Condé. La Guinée n’avait certes pas manifesté des intérêts de rapprochement avec la Russie, via le « pion malien », mais le profil des autorités guinéennes est tout de même similaire à celles des deux autres pays.
Ces sont tous, des hommes armés ayant pris le pouvoir par la force, provoquant leur mise en quarantaine par la CEDEAO. La difficulté que ces juntes militaires ont de respecter un calendrier électoral a contribué à élargir le fossé entre leurs pays et les partenaires internationaux, soucieux d’un retour à l’ordre constitutionnel normal dans un délai raisonnable.
En définitive, les trois pays que sont le Mali, le Burkina Faso et la Guinée Conakry de ce point de vue sont à loger à la même enseigne. D’où la nécessité pour eux, de se rapprocher, de mutualiser leurs forces, en vue de constituer un bloc solide pour faire face la CEDEAO, qui use de tous les moyens pour rétablir l’ordre constitutionnel.
On assiste à l’avènement d’un bloc russe sous la conduite du Mali, un pays pionnier de cette alliance dans la région. La rencontre des trois ministres des affaires étrangères permettra probablement de peaufiner la stratégie commune en préparation au déploiement de l’empire russe. La France devra multiplier les actions nécessaires pour contrer l’effet domino qu’entrainerait une telle alliance.
ABOUBACAR SOUMAÏLA