La nouvelle vient de tomber, tel un couperet sur les têtes des dirigeants de ces pays du Sud, originaires essentiellement du continent africain, toujours incapables de se nourrir par eux-mêmes leurs populations, malgré l’océan d’abondance qu’offre la nature aux terres Africaines, souvent qualifiées même de scandales géologiques. La Russie vient en effet de sonner le glas de l’Accord sur les céréales qui a permis pendant une année durant d’éviter le pire à de nombreuses populations en Afrique.
Entré en vigueur il y a un an, l’Accord sur les céréales qui autorisait l’exportation de céréales ukrainiennes en mer Noire est aujourd’hui devenu caduc, a annoncé le Kremlin ce lundi 17 Juillet 2023. Déjà le samedi passé Poutine avait annoncé que la Russie n’était pas satisfaite du traitement réservé à la contrepartie de cet Accord, notamment en ce qui concerne certaines clauses, comme l’exportation d’engrais russes.
Cet Accord a constitué une grande bouffée d’oxygène pour de nombreuses populations des pays du Sud par l’exportation en une année de près de 33 millions de tonnes de céréales vers des pays particulièrement dépendants, comme la Tunisie, le Liban, la Somalie, la Mauritanie ou le Pakistan sans oublier la grande majorité des pays africains dont la dépendance vis à vis de ces céréales est révélatrice d’un échec cuisant des politiques agricoles ainsi que les dirigeants du continent.
Le contexte de guerre permet mieux de comprendre la position désormais stratégique de l’Ukraine qui devient de fait, l’un des greniers les plus importants de ce monde. La guerre Russo-ukrainienne à mis à mal les exportations de ce véritable grenier à maïs au niveau mondial qu’est l’Ukraine et le 5è plus gros exportateur de blé. L’Ukraine est donc dans l’incapacité de faire sortir ses céréales du pays avec le début de la guerre du fait surtout des combats pour le contrôle de l’île aux Serpents.
Face à la menace réelle d’une famine généralisée, la Turquie s’est vite imposée comme médiateur entre Kiev et Moscou afin que la question de la sécurité alimentaire soit mise en dehors de la guerre que se livrent les deux belligérants. On se souvient de la visite du président Macky Sall, en Russie sous les feux des projecteurs des media internationaux parti négocier pour ne pas dire quémander auprès de Poutine une grâce afin que malgré la guerre, l’Ukraine puisse exporter ses céréales hors de la mère noire, en sauvant ainsi des millions d’africains.
Cet Accord constitue un véritable fragment de civilité voire d’humanité au cœur de la barbarie humaine, qui se perpétrait entre la Russie et l’Ukraine dont les conséquences finissent par éclabousser les pays même les plus réticents à prendre position dans une guerre qui, selon eux ne les concerne toujours pas. Mais Vladimir Poutine sait exploiter les faiblesses des africains dans un monde devenu multipolaire où la Russie est résolue à gagner une part appréciable de ces immenses opportunités que recèlent le continent africain.
Ce n’est donc pas un hasard que c’est à quelques jours du sommet Russie-Afrique plus précisément les 27 et 28 Juillet 2023 à Saint-Pétersbourg que cette menace est mise à exécution, en contraignant du coup l’Afrique à se retrouver dans sa posture traditionnelle de dominée voire de quémandeuse auprès des puissances économiques, alors même que la Russie négocie un sommet à l’Africaine, en position de challenger face aux Etats-Unis d’Amérique et à l’Union Européenne en voulant allègrement tirer profit de cette crise alimentaire en perspective.
Mais pour les pays africains en particulier, les conséquences d’un passé mal géré au plan alimentaire les rattrape aujourd’hui, en mettant en lumière la grande disparité entre eux et certains pays plus responsables qui non seulement ont réussi à relever le défi de leur autosuffisance alimentaire, en parvenant même jusqu’à nourrir des millions de populations en Afrique, où la largesse de la nature est pourtant un truisme.
Wolé Sonyaka, prix Nobel de littérature en 1986 avait tranché sur la négritude entre les dirigeants bruyants et ceux silencieux mais actifs dont les actes, les actions sont tellement bavards au point de transformer ou révolutionner leurs pays, par cette assertion encore vivante aux partisans rêveurs, épris d’une négritude passive en ces termes « un tigre ne proclame pas sa tigritude, il bondit sur sa proie et la dévore ». ABOUBACAR SOUMAÏLA