La géopolitique de la sous région Ouest africaine est marquée par l’éclosion d’une fertile campagne anti-française, qui se concrétise par des irruptions prétoriennes de l’armée sur la scène politique au Mali et au Burkina Faso. C’est une première, le sentiment anti-français dans une sous région qui constitue essentiellement le pré-carré français, depuis les indépendances.
Et pourtant, ces deux dernières années ont vu la montée en puissance de propagandes diffusées surtout sur les réseaux sociaux martelant l’échec du partenariat entre les pays africains et la France. Ce discours désormais à la mode est mis en avant pour expliquer la percée des mouvements djihadistes surtout au Sahel. Ainsi, le Mali meurtri depuis 2013 par des attaques terroristes a décidé depuis le coup d’État du colonel Assimi Goita de rompre avec la France considérée désormais comme la boîte de Pandore de tous les maux dont souffre le pays de Modibo Keïta.
On attribue à toute initiative française un « agenda caché », qui expliquerait son acharnement à se cramponner au Sahel. C’est l’argument de fond des autorités maliennes de la transition pour affirmer la « diversification des partenaires », en faisant la part belle à la Russie offrant ainsi un tableau d’or au groupe de mercenaires Wagner. Le voisin burkinabè, après l’éviction du colonel Damiba emboîte le pas au Mali sous la férule du capitaine Ibrahim Traoré accompagné de son Premier ministre de la trame Apollinaire Joachim Kyelem de Tambela.
A ces débuts, cette aventure prétorienne n’avait pas pris partie contre la France dont elle reconnaissait les liens tissés avec depuis la nuit des temps. Mais c’était encore négliger la force coercitive de la rue. Ce nouveau pouvoir capable d’édicter ses lois et ses desiderata au pouvoir du tandem Traoré-Tambela.
L’exécutif tel un pantin finit par courber et plier l’échine sous le joug d’une rue éprise, à la cause russe. Si pour le Mali, la rupture parait consommée brutalement, le Burkina Faso dit encore réserver un pan de sa coopération à la Métropole.
Mais la demande désormais confirmée de départ de la force Sabre du pays des hommes intègres dans un délai d’un mois suscite toujours une vigilance accrue de la France en passe de voir « un pion » sortir de sa zone d’influence. C’est pourquoi, la récente visite du président Ouattara à l’Elysée a été une opportunité d’aborder la « question burkinabè » pour éviter une autre « saignée » au pré-carré français dont la Côte d’Ivoire du président Houphouët Boigny est considérée comme l’un des moteurs essentiels du système.
Le président Ouattara se doit de décourager l’aventure russe au Burkina Faso, au risque de voir les intérêts de son pays prendre aussi un coup. En effet, le partenaire burkinabè est un maillon privilégié de l’économie ivoirienne qui risquerait de perdre un débouché nécessaire à l’épanouissement de l’économie ivoirienne.
Mais la tendance des autorités Burkinabè est de suivre les pas des maliens en aboutissant à l’émergence d’une fédération des deux pays, à en croire, le Premier ministre Burkinabé Apollinaire Kyelem de Tambela lors de sa dernière visite à Bamako. La tendance de ralliement à la Russie via le Mali semble donc se concrétiser et ce conformément à la volonté de la Russie d’étendre son empire sur le reste des pays africains, boutant ainsi hors de ce continent ses pires ennemis que sont les occidentaux.
La récente visite du chef de la diplomatie russe à Bamako, Sergueï Lavrov se résume à « recoloniser » autrement les africains, par un partenariat gagnant-gagnant. Le jeune putschiste burkinabè, capitaine Ibrahim Traoré faisant mine d’échapper pour le moment à la tentation de récupération Malienne d’Assimi Goïta, est tout de même embarqué dans le bateau russe, même s’il refuse de l’assumer courageusement, contrairement à ses mentors maliens.
Certes, les échanges indirects entre les deux Etats-majors de Ouattara et Traoré ont cours, bien que de nombreux burkinabè la rue burkinabè ne cautionne pas le rapport avec l’éléphant d’Afrique, un grand maître du pré-carré français.
ABOUBACAR SOUMAÏLA