«Wagner » est le nom de code d’un certain Dimitri Outkine, un ancien officier des forces spéciales, un maître des services des renseignements militaires russes (G.R.U.), qui a reçu la mission du Kremlin de créer et de gérer la filiale militaire privée sous le commandement du ministère de la défense, en silence. La branche militaire du groupe Wagner est équipée, transportée (avions), payée et guidée par le gouvernement russe, selon la journaliste française, Alexandra Jousset. Elle a même été lauréate du prix Albert Londres 2022.
« L’opacité, le crime et l’impunité » sont les caractéristiques principales de Wagner, qui n’est rien d’autre qu’une armée privée des mercenaires travaillant pour le compte du gouvernement russe, même s’il en défende, explique Alexandra au terme d’une longue année d’investigation bien documentée.
Les mercenaires de Wagner ne répondent d’aucune loi, d’aucun gouvernement, d’autant que même en Russie, les officiels prennent soin de ne faire la moindre révélation sur leur identité réelle. Toute documentation relative à leur existence juridique est soigneusement protégée au top secret.
Même si leur bureau jouxte le ministère de la défense russe, précise Mme Alexandra Jousset. Ils sont payés cash et très cher pour accomplir du sale boulot au profit du nouvel empire russe en cours de reconquête, à travers l’Occident (Europe et les Etats-Unis surtout) et l’Afrique.
Le groupe privé de mercenaires russes est l’offre publique d’achat (OPA) sécuritaire russe dans la nouvelle perspective du président Vladimir Poutine de reconquérir le monde. Une offre sécuritaire, sans aucune éthique, mais qui suscite déjà des convulsions politiques sur le continent Africain, à cause notamment des crises multiples imputables à la gouvernance et surtout aux effets du changement climatique !
Mais comme les africains ne savent jamais s’assumer face à la réalité du monde, ils se mettent à la recherche de la facilité. De la polémique que le groupe des mercenaires de Wagner suscite, elle passera rapidement au conflit politique d’un nouveau genre, basé sur la croyance en la nouvelle offre russe pour sortir le continent noir du sous développement et ses corollaires des crises politique, sécuritaire, sociale, culturelle et économique.
Depuis que Wagner est a été crée dans les années 2013-2914, il s’est activement impliqué dans des conflits notamment, en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient. En Afrique, la Centrafrique, le Mali ou encore le Burkina Faso, où la présence des mercenaires tueurs à gage du groupe Wagner se fait sentir par ses drames excessifs, ses tueries sans commune méthode, ses vols, ses viols, ses pillages, notamment des ressources minières du sol et du sous-sol.
« La présence des mercenaires de Wagner suit la carte des intérêts russes dans le monde », détaille la journaliste Elexandra Jousset. Wagner a débuté ses activités en RCA en 2018, suite à la signature d’une convention opaque entre les gouvernements centrafricain et russe.
L’accord prévoyait un soutien militaire et des armes russes en échange d’avantageuses concessions minières. Ce pacte a permis à des « instructeurs militaires » russes, dont des agents liés au groupe Wagner, de faire leur entrée dans le pays en même temps que d’importants stocks d’armes.
Des critiques sévères vis-à-vis de l’implication présumée de ses agents dans des violations des droits de l’homme ont émergé au sein de la communauté internationale dès 2019. Aussi, en janvier 2019, l’ONU a ouvert une enquête sur des actes de torture, qui auraient été commis par les forces Wagner sur un homme accusé d’appartenir à un groupe armé local.
Au Mali, l’avènement du groupe Wagner s’est fait durant l’année 2021, dans un contexte de rupture entre la junte militaire malienne et ses partenaires internationaux traditionnels à la suite du coup d’État survenu en Mai de la même année. En Juin 2021, la France a décidé, en invoquant le coup d’État, de réduire sa présence militaire au Mali et de mettre un terme aux opérations conjointes avec les forces étatiques maliennes.
En Janvier 2022, les tensions avec les partenaires traditionnels du pays se sont aggravées après que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a imposé de nouvelles sanctions au Mali. Le Mali a riposté à ces mesures en refusant aux forces internationales l’accès à son espace aérien, et en expulsant les troupes danoises et l’ambassadeur français au Mali de son territoire, la France a annoncé le retrait de ses forces en février 2022 avant que le Mali n’annonce Mai qu’il se retirait des accords de défense signés avec la France.
Au final, le déploiement de Wagner a engendré des atrocités dans les pays d’accueil comme le charnier de Gossi au Mail et en République centrafricaine. Des rapports d’enquête accablants font état d’exécutions sommaires, de pillages systématiques des populations locales etc.
Ces exactions ne surprennent pas les observateurs avertis, qui ne s’attendent guère qu’un groupe de mercenaires ne soit pas épris des valeurs de droits de l’homme, encore moins du respect du droit international humanitaire.
Les informations de diverses sources concordent aujourd’hui encore sur la signature d’un accord entre le groupe Wagner et le Burkina Faso du capitaine Ibrahim Traoré. Une situation, qui mérite en plus de l’inquiétude au sein de la CEDEAO, une véritable mobilisation politique pour une synergie d’actions et de stratégies militaires antiterroristes pour stopper net cette autre nébuleuse que représente Wagner que la Russie de Vladimir Poutine met certainement en avant pour s’emparer de nouveaux pays qui ont décidé de sous-traiter leur sécurité intérieure, la sécurité de leurs régimes illégitimes et fragiles et ce malgré les risques évidents encourus.
La géopolitique actuelle du monde, au lieu de provoquer un déclic de prise de conscience commune des dirigeants africains à s’unir pour parler d’une même voix, insuffler une dynamique commune de gouvernance et de stratégies unitaires, l’Afrique exprime à travers certains de ses dirigeants aujourd’hui encore par un mode de naïveté jamais révélée aux yeux des citoyens du monde. C’est bien dommage pour l’Afrique encore, dont seuls les filles et fils n’ont rien compris de la géopolitique du monde et l’expression de ses multiples facettes à travers les époques.
A quand le retour de la science de l’organisation perdue aux africains, depuis le déclin des empires et royaumes solidement constitués, bien avant l’arrivée redoutable de l’homme blanc, à l’intérieur du continent ? Le continent berceau de l’humanité se perd aujourd’hui encore en conjecture dans les mains fébriles des ses fils devenus dirigeants en mal de légitimité et de gouvernance démocratique et qui se jettent dans les brancards de Wagner naïvement, sans penser aux conséquences des lendemains incertains.
MOUSSA NAGANOU