Déjà membre du nouveau pôle d’influence géopolitique et économique du puissant groupe des BRICS dont le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, l’Arabie Saoudite exerçait depuis longtemps une diplomatie d’influence axée sur l’islam vers l’Afrique noire et tire beaucoup profit des apports économiques du 5e pilier de l’islam que représente le pèlerinage pour la visite annuelle des lieux saints et les grandes institutions religieuses se trouvant sur son territoire, un avantage énorme. Makka et Madina représentent déjà pour le monde musulman de l’Afrique des mégapoles d’attraction irrésistible de l’islam traditionnel, c’est-à-dire l’islam de tolérance envers les us et costumes des africains.
Plusieurs pays de tradition musulmane partagent ces relations amicales et de coopération séculaires. L’ultramoderne prince Mohamed Ben Salmane vient ouvrir l’Arabie Saoudite aujourd’hui au-delà du « Wahabisme » conservatiste, quelque chose de moderne qui hisse la terre pétrolière du pays du prophète de l’islam au rang des puissantes nations, économiques et émergentes du 21e siècle qui peut aussi facilement s’appuyer sur l’Afrique et surtout ses florissantes terres arables se pliant sous l’offre publique d’achat (OPA) alléchante pour révolutionner l’agriculture du continent noir pour sceller davantage du business gagnant-gagnant à l’aide des pétrodollars !
Toute l’Afrique subsaharienne constitue une immense couverture verte où la production agricole à grande échelle est rentable, au même titre que les richesses du sous-sol en terres rares, et devrait suffire à nourrir les africains et en développant un nouveau pôle d’influence géopolitique avec le leadership des dirigeants convoqués à Riyad pour ainsi participer à la sauvegarde de la planète, tout comme les hommes qui y habitent. Ce sommet Arabie Saoudite-Afrique ouvert le vendredi 10 Novembre 2023, bien que visant à exprimer la nouvelle aventure diplomatique du royaume Wahabit à travers le monde, constitue tout de même une tribune d’opportunités bien attendue pour les pays du Sahel, comme le Burkina Faso, le Mali et le Niger déjà profondément éprouvés par les questions d’insécurité, de pauvreté, de chômage, de la migration et les crises politiques.
Chaque pôle géopolitique, chaque puissance dite émergente convoque les dirigeants Africains pour un sommet vite concocté à la taille de l’invité pour en faire un client idéal, comme l’ont déjà fait l’Inde, la Chine, la Russie, la Turquie, la France, les États-Unis d’Amérique, l’Europe et maintenant l’Arabie Saoudite à Riyad. Plus de 26 milliards de dollars sont mis sur la table et cherchent preneurs et déjà 533 millions de dollars directement puisés du fonds saoudien dit du développement seraient prêts à être distribués à douze (12) pays du continent dont le Niger du Général Abdourahmane Tiani dont le Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine, son chef de la diplomatie Zakari Yaou Sangaré, son ministre directeur de Cabinet, Soumana Boubacar et du commissaire à lorganisation du Hadj et de la Oumra (COHO), Cheik Al Hamouda Ben Salah séjournent en grande pompe à Riyad pour inaugurer triomphalement le retour du pays sur la scène politique internationale.
L’Arabie Saoudite est ainsi devenue un Etat normal dépouillé petit à petit des préjugés religieux réducteurs de son influence dans le monde et s’affirme désormais comme une puissance économique émancipée de ses propres préjugés et sortie de son propre carcan socioculturel avec l’avènement du prince moderne fait de talents et d’innovations surprenants à plus d’un titre. C’est une Arabie Saoudite où les femmes conduisent les voitures et/où la liberté a le même goût aussi bien pour les femmes que pour les hommes, qui s’adresse à l’Afrique qui a déjà offert au monde entier des reines aussi puissantes ayant érigé des empires aussi baste que tout le Soudan d’aujourd’hui et émergent encore des sables et des pyramides pour échapper au temps et défier la capacité des dirigeants du monde ultramoderne à gouverner la planète, à sécuriser les hommes, les animaux et les choses, en un mot à réussir à sauvegarder la biodiversité pour maintenir l’équilibre et la justice. Le prince Mohamed Salmane a certainement compris cela et tente d’imprimer à sa principauté cette marque de l’universalisme qu’il veut coûte que coûte partager avec le monde, en s’adjugeant d’abord l’Afrique et ses terres fertiles mais avec subtilité.
MOUSSA NAGANOU