Bien avant l’apparition du phénomène terroriste en Afrique, qui impose aujourd’hui une guerre symétrique aux armées nationales, les Chefs d’Etat africains se préoccupaient beaucoup plus de leur propre sécurité plutôt qu’à celle de leurs peuples. Malgré la sécurité exceptionnelle déjà aménagée pour eux par la République, beaucoup de Chefs d’Etat ont développé un type de sécurité spécifique très « spéciale » et érigée en institutions parallèles de sécurité dont les caractéristiques principales se passent de tout commentaire et distinguables par les superlatifs de leurs qualificatifs à leur sujet : meilleur équipement, meilleure formation, meilleure logement, meilleur traitement ou encore meilleure prise en charge.
Toute la grande vision reconnue à la plupart de certains Chefs d’Etat du continent africain se limitait à développer et déployer des stratégies sécuritaires leur permettant de conserver le pouvoir aussi longtemps et être logés dans une meilleure condition de sécurité. La longévité des régimes et des hommes, qui tenaient les Etats du continent d’une main de fer s’expliquait par l’émergence d’une armée parallèle constituée uniquement pour assurer la sécurité du locataire de la présidence, selon les meilleurs spécialistes de la question sécuritaire et des relations internationales.
Dr Mohamed Umaté a mené une étude millimétrée autour de la question de « sécurité » de manière holistique et particulièrement celle des Chefs d’Etats africains. Il a tiré une conclusion effrayante pour le moins, en ce qui concerne les causes profondes de la sécurité dans certains pays et a mis en évidence l’incidence négative des armées parallèles dans la géopolitique de l’Afrique et du Sahel, surtout ces dix (10) dernières années.
Dr Mohamed Umaté explique qu’au-delà de la formation des « forces spéciales » d’aujourd’hui initiées au profit des armées nationales, en vue de les perfectionner et les adapter au besoin des contextes actuels de la lutte antiterroriste pour garantir la sécurité nationale des populations de toute l’étendue du territoire, des Chefs d’Etat avaient malheureusement développé des « forces très spéciales » pour uniquement assurer leur seule sécurité à eux. Au fil du temps, cette force aux intérêts purement privés et limités à la sécurité du seul Chef, s’est révélée dangereuse pour les populations, comme en témoigne la guerre en cours au Soudan.
Qu’il s’agisse des forces de soutien rapide au Soudan (FSR) imaginée par l’ancien président Omar El Bachir, de la brigade d’intervention rapide (BIR) au Cameroun de Paul Biya, du bataillon étranger au Sud Soudan (BE), des « Jan-Jawides » au Soudan, le régiment de sécurité présidentielle (RSP) au Burkina Faso de Blaise Compaoré, du Régiment Étranger (RE), « d’Al-Failaka al-Islamiya », une légion étrangère de Kadhafi en Libye, qui était composée essentiellement des subsahariens. Quelle que soit l’appellation de ces forces parallèles, l’objectif reste le même. Lire encore à ce sujet « Géopolitique : L’Afrique et les dangers des milices ou armées parallèles ! »
MOUSSA NAGANOU