L’Afriquequi est aujourd’hui totalement perdue dans ses propres contradictions et dépassée par le sens de la géopolitique du monde des intérêts qui l’entourent pourrait bien enfourcher n’importe quel cheval pour se livrer à n’importe quelle guerre des lâches et des pauvres. L’Afrique de l’ouest, l’espace communautaire le plus structuré, le mieux organisé avec un minimum de cultures communes, à même de pouvoir vite conduire tout le continent vers une communauté de destins communs aussi intégré que développé risque bien de disparaître comme « une peau de chagrin ».
D’autant plus que les Chefs d’Etat de l’organisation communautaire régionale ouest africaine (CEDEAO) a finalement obtenu une décision judiciaire ordonnant désormais la « la libération sans condition du président renversé Mohamed Bazoum et de son rétablissement sur son fauteuil présidentiel, sous le délai d’un mois, le 15 Décembre 2023 dernier. Une décision judiciaire confortant ainsi leur position irréductible de réinstaller Mohamed Bazoum de gré ou de force au pouvoir, et donc même par la force, à travers une intervention militaire via l’activation de la force de la CEDEAO dite en attente.
Cette décision judiciaire émanant de la cour de justice de la CEDEAO était prévisible et attendue, d’autant qu’elle a été soigneusement médiatisée via le collectif d’avocats constitué pour la circonstance. Les termes de la saisine de la dite justice communautaire, les motivations, les arguments et le type de décision judiciaire attendu ont fait l’objet d’une laborieuse communication, savamment expliquée et défendue par des médias triés sur le volet par des officines de communication.
Une tradition jurisprudentielle respectée mais augmentée !
Cette longue et abondante jurisprudence est perpétuée depuis aussi longtemps qu’adviennent les coups d’Etat au Niger et en Afrique de l’ouest. Depuis Mahamane Ousmane, Mamadou Tanja ou encore Mohamed Bazoum, la cour de justice de la CEDEAO a toujours donné raison aux présidents déchus, en condamnant les putschistes à libérer le président renversé au Niger, mais jamais celle-ci n’a précisé de réinstaller un président renversé dans son fauteuil présidentiel !
Mais les couleurs de cette décision judiciaire de la cour de justice de la CEDEAO avaient été annoncées par le refus manifeste de cette même juridiction « la qualité de sa saisine aux militaires Nigériens pour avoir pris le pouvoir à Niamey par la force, autrement dit pour avoir perpétré le coup d’Etat ». Seul bémol aujourd’hui, les communautés régionales Ouest Africaines soutiennent massivement les Nigériens, qui ont manifesté une adhésion populaire et volontaire à la junte militaire qui a renversé Mohamed le 26 Juillet 2023, en créant du coup un fossé large de sentiment entre la CEDEAO des peuples et celle des Chefs d’Etat africains.
Toutes les communautés Ouest Africaines présentes au Niger ont affirmé par des déclarations publiques leurs soutiens aux membres de la junte nigérienne et condamné les sanctions sévères des Chefs d’Etat de la CEDEAO sur le plan économique, commercial et financier. Finalement, le fossé entre les Chefs d’Etat et les communautés Ouest Africaines de la CEDEAO s’est approfondi à cause surtout de la menace d’intervention militaire contre le Niger.
La junte militaire nigérienne condamnée à réinstaller Mohamed Bazoum au pouvoir !
La cour de justice de la CEDEAO appelle-t-elle les Chefs d’Etat de la dite institution à revenir à sa position guerrière de départ contre le Niger ? Rien n’est exclu, car les Chefs d’Etat avaient dit mettre en alerte maximum les Chefs d’Etat major de leurs armées après leur réunion à Accra au Ghana et n’attendent le meilleur moment pour frapper sur le Niger avec une opération chirurgicale militaire.
Est-ce que les vigoureux Chefs d’Etat de la CEDEAO feront de cette décision judiciaire un prétexte pour rebondir sur leur menace d’intervention militaire contre le Niger ? Non, parce que même à ce stade, les Chefs d’Etat de la CEDEAO n’ont pas encore le quitus des Nations Unies, c’est-à-dire une résolution de son conseil de sécurité.
Une guerre de la CEDEAO en perspective en Afrique !
C’est désormais une base légale attestée par une décision judiciaire, qui est concoctée par la juridiction communautaire pour de la CEDEAO offrir aux forces politiques en vue de mener une guerre active contre tout pays membre de l’espace, ayant opéré une rupture constitutionnelle illégale, en cas de prise du pouvoir par la force. En s’appuyant sur la violation des droits politiques d’un président renversé du pouvoir et de son rétablissement dans ses fonctions, c’est-à-dire son rétablissement en l’état, une guerre africaine simulacre de guerre pour la démocratie est prévisible, sinon en préparation.
On peut soutenir aujourd’hui sans beaucoup se tromper que l’organisation communautaire Ouest Africaine (CEDEAO) pourrait bien être le prochain moyen subtile par lequel une guerre active se prépare silencieusement sur le continent africain dans les années pas lointaines, si jamais cette tendance guerrière de ses Chefs d’Etat ne retombe pas, via une révision de leurs positions. D’autant plus qu’avec cette décision judiciaire du 15 Décembre 2023 désormais aux mains des dirigeants de l’institution communautaire, ils n’auront plus besoin qu’une résolution des Nations Unies à négocier par le truchement du soutien d’une puissance étrangère, dès qu’un autre coup d’Etat intervienne encore dans l’espace CEDEAO.
Dès qu’une telle éventualité survienne aussi, il faut dire que la CEDEAO risquera fort de disparaître pour avoir dévié de ses objectifs d’intégration régionale et se lancer dans une guerre destructrice revancharde. Alors que sa vocation est l’intégration économique et sociopolitique par la construction des infrastructures économiques et énergétiques comme les routes, les flottes aériennes, ferroviaires et socioculturelles.
La responsabilité et le rôle du juge communautaire dans le règlement des conflits !
Dans la nouvelle dynamique de la géopolitique de l’Afrique de l’ouest, le juge communautaire a, à la fois une grande responsabilité et un rôle déterminant à jouer dans la prise en charge ainsi que le règlement des crises sociopolitiques qui traversent la sous région. Mais si jamais les juges ne prennent pas conscience de leur responsabilité, ils risqueront bien d’aggraver les crises par des décisions judiciaires, qui enflammeront les sociétés communautaires.
Pire, c’est le retour des drames communautaires qui est programmé, si les juges communautaires se laissent manipuler et être instrumentalisés pour produire des décisions judiciaires déjà connues d’avance, à l’image de celle du 15 Décembre dernier et ce, juste pour plaire aux Chefs d’Etat. Malheureusement, celle-ci intervient au lendemain de la volte-face des Chefs d’Etat de la CEDEAO, qui ont tourné la page de Mohamed Bazoum et reconnu le CNSP du Général Tiani.
Il s’avère nécessaire que dans le rapport interactif des forces politiques que les juges communautaires comprennent l’intelligence stratégique et les multiples conflits d’intérêt qui se déploient à travers cette géopolitique. L’objectif des acteurs politiques et stratégiques est de faire de l’Afrique, la prochaine terre de guerre et de conquête.
MOUSSA NAGANOU