Au Gabon, le pays s’apprête à vivre de nouvelles élections en Août 2023, un triple scrutin présidentiel, législatif et local. Le pouvoir Gabonais avait déjà balisé le terrain grâce au dialogue instauré par le Chef de l’État Ali Bongo Ondimba du 13 au 23 Février 2023 en présence d’une opposition gabonaise qui avait fait de ce dialogue une condition sine qua non à sa participation aux prochaines échéances électorales.
Ainsi le 23 Mars, l’Assemblée nationale gabonaise a apporté un soutien massif au texte qui instaure plusieurs réaménagements au sein de la réforme constitutionnelle. Ce sont 113 députés sur un total de 122 que compte l’hémicycle gabonais, qui ont adopté le texte. Ces mesures en attente de validation par le Sénat portent la marque d’un consensus national, d’autant plus que l’opposition a pris une part active dans son élaboration.
Plusieurs nouveautés sont inscrites dans la réforme constitutionnelle dont le scrutin à un tour pour toutes les élections, la non-limitation des mandats et la durée des mandats présidentiel et locaux de sept à cinq ans. Le sénat comme il fallait s’y attendre a emboîté le pas à l’Assemblée nationale, le Mercredi 29 Mars à Libreville par l’adoption en termes identiques que l’Assemblée nationale, le projet de révision de la Constitution gabonaise, l’émanation d’une concertation politique entre partis politiques de divers bords que compte le paysage politique gabonais.
La classe politique gabonaise vient de démontrer qu’elle a capitalisé de son amère expérience de la dernière crise électorale aiguë qui avait engendré des troubles suite à l’annonce des résultats très controversés.
Le Chef de l’État sortant Ali Bongo Ondimba l’emportait avec 49,80 % des voix contre 48,23 % pour son adversaire Jean Ping. Le président Ali Bongo était reconduit au pouvoir dans un climat de méfiance totale malheureusement alimenté par son état de santé déclinant. On se souvient encore du discours très émouvant du président Bongo faisant état de sa maladie, qui l’aurait assagi au point de voir la vie autrement.
Ces leçons de vie ont-elles vraiment assagi ce grand baobab de la politique gabonaise au point de songer à un dauphin? Cette question est aujourd’hui au cœur des conversations des gabonais qui s’interrogent sur le rôle que pourrait jouer Noureddin Valentin Bongo, le fils aîné du président Ali Bongo qui connait déjà une promotion au cœur du pouvoir, pour avoir été propulsé au poste de Conseiller stratégique du président du parti.
Ce poste fait de ce jeune homme à la trentaine d’années, l’une des personnalités les plus influentes du pouvoir gabonais. Noureddin Bongo serait-il déjà préparé pour pérenniser la Dynastie Bongo pour ces élections présidentielles ou bien succèdera-t-il à son père après ce mandat ?
Les gabonais sont déjà préparés à ce scénario devenu classique, voire nécessaire pour la conservation et la protection des intérêts du clan conçu depuis les années 1960, juste après l’avènement d’Omar Bongo père au sommet de l’État. Les proches d’Ali Bongo qui partagent tous, les mêmes intérêts n’auront d’autres choix qu’à s’incliner devant cette logique qui prévaut depuis l’avènement de la dynastie, tant leurs intérêts en dépendent.
ABOUBACAR SOUMAÏLA