La visite d’amitié et de travail de trois jours du président nigérian, Bola Ahmed Tinubu à Paris en France, au moment où Niamey est en brouille celle-ci depuis le coup d’Etat du 26 Juillet 2023, rappelle forcément une position politique et diplomatique similaire du Nigéria avec la France, à cause de la guerre de Biafra dans les 1967 à 1970. Du 6 Juillet 1967 au 15 Janvier 1970, la France avait choisi ouvertement d’armer les rebelles secessionnionistes du Biafra pour les aider à se tailler un État Igbo riche en pétrole que Paris veut pompier à satiété.
C’est dans ces conditions que le Niger du président Hamani Diori avait décidé de lutter à consolider et unifier l’État fédéral du Nigéria voisin avec lequel il partage une longue frontière de plus de 900 km de long. Niamey qui a affirmé haut et fort son plein soutien au gouvernement fédéral de Lagos opposera ainsi un farouche refus à ce que les armes de la France destinées à armer les indépendantistes biafrais passent par le Niger via les régions proches du Nigéria.
Aujourd’hui encore, l’histoire répète !
C’est pratiquement dans les mêmes conditions que les années 1967 à 1970, lorsque Lagos et Paris était en brouille diplomatique profonde à cause de la guerre de Biafra que le Niger avait choisi de tourner le dos à Paris et ce, au profit de son grand voisin du sud, le Nigéria pour éviter à celui-ci un éclatement politique certain. 54 ans après la guerre de Biafra, l’histoire se répète à l’envers, d’autant plus que c’est Niamey qui est en brouille diplomatique profonde avec Paris et Abouja choisit de célébrer et réchauffer ses relations diplomatiques avec celle-ci, avec une visite présidentielle de Bola Ahmed Tinubu en grande pompe à Paris et l’accent est fortement placé sous le sceau de l’économie.
Que fera le Nigéria pour éloigner ou rapprocher Paris et Niamey ?
Le président Tinubu avec une forte délégation pose ses valises à Paris pour 72 heures dans le but de négocier des faveurs économiques, sécuritaires et diplomatiques dans un contexte de guerre terroriste dans la région avec une récession économique et monétaire. En 1967, le président Diori Hamani du Niger n’avait pas considéré que le Nigéria est un pays anglophone pour lui tourner le dos mais un pays frère et ami dont les populations sont les mêmes et partagent une longue tradition socio-économique, politique et culturelle le long du fleuve Niger et de la Komadougou Yobé.
Tinubu aiderait-il à rapprocher Niamey et Paris ou bien enfoncera son voisin par une stratégie d’armement des groupes terroristes contre lui dans le cadre de la force multinationale mixte (FMM) formée avec le Niger, le Tchad, le Cameroun et le Nigeria ? Quoiqu’il en soit, toutes les interrogations sont permises dans la mesure où c’est à Abuja et sous l’égide du même président Tinubu, président en exercice de l’organisation communautaire régionale Ouest africaine (CEDEAO) qu’une « résolution non fructueuse » de conduire une intervention militaire armée contre Niamey avait été prise, en décembre 2023.
En allant à Paris, c’est le même président du Nigéria et président contraint de garder le bonnet suicidaire de la CEDEAO, Bola Ahmed Tinubu cherche une issue de sortie pour débloquer la situation économique de son pays, après avoir tenté d’asphyxier son voisin stratégique, le Niger. Pour les nigériens, lorsqu’on a été mordu par un serpent, il faut désormais beaucoup se méfier de toute corde.
MOUSSA NAGANOU