Un doublon ou une complémentarité à la force multinationale conjointe de l’initiative d’Accra ?
Dans l’espace CEDEAO, les initiatives se multiplient pour faire face au défi sécuritaire. Avec le risque d’une dispersion des efforts.
Le 4 décembre dernier, les chefs d’Etat et de gouvernement réunis à Abuja (Nigeria) à la 62ème session ordinaire de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont décidé de la mise en place d’une force anti-coups d’Etat qui aura également pour vocation à lutter contre l’expansion terroriste au sein dudit espace. Cette décision intervient moins de deux semaines après la réunion de l’initiative d’Accra (Ghana) ayant regroupé 7 pays membres de la CEDEAO qui a décidé de la création d’une force multinationale conjointe dédiée à la lutte contre le terrorisme. Tirant certainement les leçons de la léthargie du financement de la force militaire conjointe du G5 Sahel, Abuja et Accra ont opté pour la prise en charge de leur schéma sécuritaire à travers les contributions des Etats membres.
La force multinationale conjointe de l’initiative d’Accra sera constituée de militaires des pays suivants : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Mali, Niger, Togo et dans une certaine mesure le Nigeria. Celle de la CEDEAO comportera certainement les éléments de ces pays-là et d’autres, de l’organisation communautaire comptabilisant 15 membres.
Deux forces opérationnelles dans le même espace, avec sensiblement les mêmes missions, il y a le risque d’une dispersion des efforts, à terme d’une concurrence entre les deux, et par conséquent d’une inefficacité de leurs actions sur le terrain ; estiment plusieurs observateurs qui ne voient ni plus ni moins à travers l’initiative d’Abuja qu’un doublon à l’initiative d’Accra. Laquelle des deux aura les faveurs de financement des pays membres ? C’est à ce niveau que se posera le problème, pense cet ancien cadre de la CEDEAO ayant requis l’anonymat, pour lequel, l’option la meilleure est de leur attribuer des missions différentes : l’une à vocation de restauration de la démocratie là où elle viendrait à être remise en cause ; et l’autre, à vocation strictement anti-terrorisme. Car selon lui, la complémentarité est ici difficile à obtenir, de surcroît quand il s’agit des mêmes sources de financement.
OUMAROU KANE