La rencontre des Chefs d’Etat et de gouvernement à la 63è session ordinaire de l’organisation communautaire Ouest-africaine à Bissau, en Guinée du même nom, révèle la volonté affichée des Chefs d’Etats présents en faveur de la protection de la démocratie et de sa promotion, sous fond de courroux des dirigeants de la région du continent au sujet des coups d’Etat. Les Chefs d’Etat ont effet, pris la décision d’engager une force militaire sous régionale d’interposition et de surveillance de la démocratie et ses institutions malmenées par l’irruption répétée des militaires ces deux dernières années, en mettant les démocraties de plusieurs Etats en péril.
Après les doubles coups d’Etat intervenus au Burkina Faso et au Mali, puis en Guinée-Conakry et une tentative avortée en Guinée-Bissau, les dirigeants de la région de l’Afrique de l’Ouest prenant conscience de la résurgence subite des coups d’Etat en un temps record se sont dressés comme un seul homme à Bissau le 9 Juillet de 2023 pour dissuader les militaires par la mise sur pied très rapidement d’une force d’interposition militaire pour défendre et préserver la vie des démocraties Africaines.
La CEDEAO entend désormais ainsi surveiller les démocraties en vue de prévenir les crises des coups d’Etat et les éradiquer au besoin en déployant une force sous-régionale d’interposition pour déloger les militaires, qui oseront prendre le pouvoir par la force. Dans l’immédiat, les Chefs d’Etat entendent constituer et mettre sur place une force d’interposition rapide composée de 1600 à 2000 hommes avec l’objectif d’atteindre 5000 hommes sous peu et 12. 000 à long terme, à l’image de la brigade de surveillance de l’ECOMOG en Sierra Léone des années 1997.
En effet, par le passé cette force d’interposition mise en place pour sécuriser les démocraties en Afrique de l’Ouest avait donné un résultat fort appréciable, notamment en Sierra-Léone où le président Ahmed Tijan Kabbah avait été réhabilité et rétabli dans ses fonctions de président de son pays, le 10 Mars 1997 soit un mois après son éviction ayant entrainé son exil forcé en Guinée par le commandant John Paul Koroma de l’armée sierra-léonaise.
La création d’une telle force est venue à point nommé aujourd’hui encore, d’autant que le Nigéria, ce géant économique et militaire de la région prend la tête de l’organisation communautaire à la recherche de ses marques. Le pays de Tinubu a toujours servi de vache à lait à la survie de cette entité militaire vitale (écomog) pour la survie des démocraties aujourd’hui encore dans le viseur de quelques militaires aux aguets d’une prétendue défaillance des civils au pouvoir, dans un contexte surtout marqué par des défis à la fois sécuritaires, socioéconomiques et politiques.
Il est vrai que chaque pays de la CEDEAO connait ses faiblesses et doit aussi se concentrer sur la gestion de ses propres défis sécuritaires, mais sans oublier sa quote-part en termes de contribution pour l’érection rapide d’une telle brigade d’interposition pour surveiller et garder ainsi l’édifice démocratique communautaire. Une force commune vitale comme une vitamine pour certaines démocraties menacées, vulnérables, fragiles et quelque fois vacillantes, même si elle semble freiner l’épanouissement des institutions démocratiques en leur mettant sous haute surveillance.
MOUSSA NAGANOU