« Aujourd’hui, on n’a plus besoin d’une armée étrangère qui va occuper notre territoire, soit disant de nous protéger »
Bonjour Dr Moukimou Aboubakary Mourana. Après 63 ans d’indépendance et à quelques jours de vos 30 ans d’expérience pratique d’expert, quelle appréciation faîtes-vous des relations franco-nigériennes ?
Bien merci beaucoup. 63 ans, c’est largement suffisant pour qu’un peuple puisse se prendre en charge lui-même. Aujourd’hui, on n’a plus besoin d’une armée étrangère qui va occuper notre territoire, soit disant de nous protéger, comme si nous sommes des enfants. Nous avons tout simplement besoin d’une collaboration dans le domaine de la formation professionnelle et technique, pour être au diapason du développement.
Pourquoi rejetez-vous la présence des bases militaires étrangères au Niger ?
Il est temps que nous nous dirigions nous mêmes maintenant après 63 ans d’indépendance. Nous sommes censés avoir toutes les compétences requises aujourd’hui pour gouverner notre pays ensemble entre concitoyens, dans tous les domaines. Nos cadres ont suivi les mêmes formations que les autres ressortissants et dans les grandes écoles spécialisées, ainsi que les universités.
Aujourd’hui, les meilleurs cadres aussi bien dans l’armée et que dans la coopération technique ont permis la création des écoles spécialisées pour la formation des sous officiers de tous les corps des forces de défense et de sécurité bien fonctionnelles dans nos pays. Ces écoles reçoivent les élèves officiers de toutes les nationalités.
C’est surtout la collaboration interafricaine qui nous intéresse aujourd’hui. Cela dit, nous voulons juste de la formation et de l’équipement pour exprimer nos talents professionnels. Nous ne voulons plus que les autres fassent le travail pour nous et à notre place. Ce n’est palus normal après 63 ans d’indépendance.
C’est pourquoi du matériel et de la formation suffisent largement pour nous prendre en charge, nous même.
Que pensez-vous de la gestion de l’armée ?
Il faut d’abord comprendre que l’armée d’aujourd’hui n’est plus comme celle d’avant. Dans l’armée d’aujourd’hui, il y a toutes les compétences. Je vous rappelle que le premier président des États-Unis d’Amérique est un général de l’année. Charles De Gaulle, le père de l’indépendance française est aussi un général.
L’armée française doit partir parce que nous savons déjà que « la France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts ». La France peut continuer à exercer au Niger dans le cadre d’une certaine coopération, mais sans la présence de ses bases militaires sur le territoire nigérien.
Quelle expérience savez-vous du travail des militaires ?
En matière de gestion, la rigueur est toujours de mise alors que les civiles ont tendance à faire que de la politique. Alors que maintenant, « il n’y a pas de développement sans sécurité » et nous devons profiter de ce vent de libération de l’Afrique qui souffle avec force pour reconstruire nos pays ensemble avec toutes les filles et les fils de la nation. Dans notre sous région Ouest africaine, où le Niger, le Burkina Faso, la Guinée-Conakry et le Mali ont adopté une nouvelle politique commune pour efficacement lutter contre le terrorisme pour toujours.
Propos recueillis par MOUSSA ABDOU