Pascal Affi N’guessan vient de confirmer sa décision de s’allier au rassemblent des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), parti au pouvoir en Côte d’Ivoire, sous la houlette du président Ouattara. Pour beaucoup d’ivoiriens, cette annonce s’assimile à un secret de polichinelle, tant l’information avait été distillée dans les rumeurs relatives au positionnement des partis politiques.
Affi N’guessan a été le bras droit de Laurent Gbagbo au front populaire ivoirien (FPI). Il faisait déjà partie des dinosaures du parti socialiste ivoirien, qui ont créé et conduit ce parti à l’avènement de la démocratie en Côte d’Ivoire autour des années 1990.
La crise postélectorale de 2011 ayant occasionné près de 3000 morts et projeté Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye a donné une autre tournure aux vieilles relations existantes entre Affi N’guessan et son mentor, Laurent Gbagbo.
Pour Affi N’guessan, il fallait combler le vide créé par l’absence prolongée de Laurent Gbagbo hors du pays, en prenant part aux échéances électorales. Certains partisans de Laurent Gbagbo assimilaient par contre une telle attitude à une haute trahison.
C’était selon eux jouer le jeu du pouvoir de Ouattara et pactiser ainsi avec le « diable » que représente celui-ci. L’option dite réaliste et pragmatique d’Affi N’guessan avait précipité la division du parti par l’avènement d’un courant « extrémiste » connu sous l’acronyme de « Gbagbo Ou Rien », (GOR).
Ces derniers se sont fermés à toute option de remplacement de leur leader par un autre membre du parti. Cette stratégie a eu pour conséquence de dominer l’influence et l’ancrage du RHDP au cœur de la vie politique ivoirienne, en créant du coup une opposition sans âme, errant pendant une décennie, sans repères, à la solde des divisions intestines.
Les élections de 2020 ont plutôt renforcé les positions du RHDP face à une opposition dont la stratégie de boycott a été infructueuse. Affi N’guessan alors porte-parole d’une partie de l’opposition est arrêté en 2020.
Malheureusement, le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire loin de sceller la réconciliation entre les deux « frères ennemis » n’a fait qu’accentuer et confirmer la rupture entre Affi Nguessant et Gbagbo par la création d’un nouveau parti politique, le PPA-CI désormais sous la conduite de Laurent Gbagbo en espérant ainsi abandonner, selon lui, « la coquille vide » du FPI à Pascal Affi N’guessan.
Pascal Affi N’guessan se retrouve avec une portion congrue des militants du FPI. L’émiettement se poursuit de plus bel dans le camp des partisans du FPI.
C’est Simone Gbagbo aussi de son côté, qui crée son parti politique suivie de Blé Goudé de retour de la Haye. Pendant ce temps, le camp du pouvoir se renforce et se délecte des querelles intestines, qui fragilisent l’opposition Ivoirienne.
Mais les échéances électorales approchent à grands pas. Les tractations pour les alliances ont commencé à se nouer avec notamment, la rencontre entre Blé Goude et Simone Gbagbo.
Mais force est de constater qu’une opposition dispersée ne peut renverser la machine RHDP qui semble soudée de l’intérieur. C’est pourquoi, Pascal Affi N’guessan doit faire un choix entre la poursuite d’un avenir incertain marqué par l’isolement et le renforcement de son parti par l’alliance avec le RHDP.
C’est aussi un choix qui entre dans le processus de réconciliation tant prônée par les dirigeants ivoiriens. En effet, le bilan de la décennie passée n’a abouti qu’à une stabilité institutionnelle laissant de côté l’essentiel, c’est à dire la réconciliation des ivoiriens.
La création d’un poste de ministre de la réconciliation nationale sous la tutelle de Kouadio Konan Bertin(KKB) n’a pas encore produit les résultats escomptés. Le peuple ivoirien souffre déjà des querelles politiciennes et exige plus de hauteur de vue de leurs dirigeants que les dissensions à répétition, qui nuisent à la cohésion sociale et les futures échéances électorales ne devraient pas encore être une reproduction des crises passées.
ABOUBACAR SOUMAÏLA