En Côte d’Ivoire, c’est avec stupéfaction que le PPA-CI, parti de Laurent Gbagbo a entendu la mauvaise nouvelle de l’absence du nom de son leader de la liste électorale provisoire de la commission électorale indépendante (CEI). En Cause, Gbagbo a écopé le 18 Janvier 2019 d’une condamnation de 20 ans de prison ferme, assortie d’une amende de 329 milliards de FCFA dans le procès relatif à l’affaire dite « du braquage de la BCEAO ».
Le retour au bercail de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo après une décennie passée à la cour internationale de la Haye, avait été considéré pour beaucoup d’ivoiriens comme une opportunité inouïe de panser les plaies béantes héritées des tensions nées des différentes joutes électorales passées dont celles de 2010. La réconciliation a été du coup inscrite au fronton de la politique du président Alassane Ouattara qui, pour prouver sa bonne de foi a procédé à la nomination d’un ministre de réconciliation nationale dont la mission est de faciliter l’implémentation d’un tel projet. Les actions de rapprochement posées ça et là ont suscité un début de confiance entre les composantes de la vie politique ivoirienne dont certains comme Pascal Affi N’gnessan disent avoir rejoint le camp des pacifistes.
L’acte majeur de réconciliation nationale fut évidemment l’amnistie dont a bénéficié Laurent Gbagbo en 2021 suscitant un réel espoir dans le camp des mécontents du PPA-CI réduits essentiellement à la branche des extrémistes qui se rangent sous l’appellation de GOR (Gbagbo ou Rien). Se préparer aux échéances électorales de 2025 représente donc pour Laurent Gbagbo et ses partisans une réelle opportunité de rebondissement sur la scène politique ivoirienne dominée largement par le RHDP et ses alliés.
Face au rejet de Laurent Gbagbo de la liste électorale, c’est bien évidemment une nouvelle crise qui vient de voir le jour dans une Côte d’Ivoire où malheureusement les élections riment avec crises, voire guerres civiles. Malheureusement pour Laurent Gbagbo, sa galaxie jadis très puissante qui fédérait les leaders tels que Simone Gbagbo et Blé Goudé dont la popularité avait pu propulser très haut le leader historique de l’opposition ivoirienne que fut Gbagbo Laurent s’est émiettée au grand bénéfice du RHDP de Alassane Ouattara.
Aujourd’hui, la galaxie Gbagbo est divisée du fait surtout des discours jusqu’au boutistes de ses proches qui récoltent aujourd’hui les fruits de l’isolement politique. Les adversaires du RHDP, étaient conscients des conséquences d’un tel comportement et en ont profité pour certainement « achever » cet infatigable résistant à la tyrannie que fut Laurent Gbagbo. On s’attendra très certainement à une recomposition du paysage politique ivoirien au regard des risques fort probables d’exclusion du leader du PPACI.
Les débats houleux d’experts juristes de tout bord sont désormais lancés autour du concept d’amnistie et d’autres considérations d’ordre juridique qui certainement consisteront à défendre ou à enfoncer Laurent Gbagbo, selon l’obédience de chacun. Pour l’heure, le PPACI dans un communiqué n’entend pas baisser les bras face à ce qu’il considère comme une injustice de trop à l’égard de leur leader.
« Le refus de l’inscription du Président Laurent GBAGBO sur la liste électorale s’inscrit dans la suite des actes de provocation marqués par des persécutions judiciaires, les violations de domiciles par des groupes civils agissant comme des milices au service du parti au pouvoir, des entraves aux mouvements, etc. récemment exercés contre lui-même, les cadres et les militants de son parti », a indiqué Justin Katina Koné porte-parole du PPACI.
ABOUBACAR SOUMAÏLA