L’erreur est humaine mais persévérer dans l’erreur est diabolique, dit-on. C’est pourtant ce qui se passe aujourd’hui encore en Côte d’Ivoire plus précisément à Abidjan, grande métropole de l’Afrique de l’Ouest où les saisons des pluies riment désormais avec les inondations, les éboulements de terrains qui entraînent dans leurs sillages des morts malgré les mesures prises par l’État pour mettre fin à ce cycle macabre.
Cinq (5) morts d’une même famille (Monsieur, Madame et leurs trois enfants suite à un éboulement de terrains sur trois baraques au quartier Mossikro. Le drame a eu lieu dans la commune de Yopougon à l’Ouest de la ville, au quartier de Millionnaire Extension, une zone déjà indexée comme étant à risques et inondable caractérisée par de nombreuses constructions précaires.
Pourtant, l’année passée, en 2022 on a assisté au même scénario ayant occasionné plusieurs morts et des dégâts matériels. La réaction du gouvernement afin de rompre d’avec ce cycle, s’est illustrée par diverses mesures à titre préventif en ce mois de Mai 2023.
Aussi, en prélude aux saisons de pluies de grande ampleur qui débutent au mois de Juin, le ministre de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de la Salubrité, Bouaké Fofana a été à l’origine du démarrage des opérations de déguerpissement des zones critiques d’Abidjan. L’objectif « Zéro Décès », est ainsi affiché au fronton de la stratégie du ministre Bouaké Fofana qui en substance expose le résultat attendu d’une telle opération.
« Le gouvernement ne veut plus de morts. Le Premier Ministre a donné des instructions fermes à ce sujet. On a parlé à tous les maires du District d’Abidjan. L’opération ‘’Saison des pluies, zéro victime, c’est possible’’ doit être une réalité cette année ».
Pour ce faire, le ministre bénéficie d’un soutien total du gouvernement, en témoignent les propos tenus par le Premier ministre Patrick Achi, au cours d’une rencontre stratégique avec les maires du District d’Abidjan, le 9 Mai dernier appelant les parties prenantes à accélérer la destruction des zones critiques du District d’Abidjan.
Mais hélas, les mesures prises n’ont pas empêché que la triste histoire des inondations se répète inlassablement avec son lot d’inondations et de morts pour les mêmes causes, prétendument déjà combattues par le gouvernement. Ces catastrophes sont malheureusement le lot de nombreuses capitales africaines et perdurent depuis plusieurs décennies malgré les mesures prises par les gouvernements afin d’éradiquer ce fléau.
Les déguerpissements chaque fois réalisés s’identifient aujourd’hui à l’hydre à plusieurs têtes, qui a la capacité d’en faire pousser une autre lorsqu’on lui en coupe une. Les mêmes populations déguerpies reviennent occuper impunément les mêmes lieux à risques dans l’attente criminelle d’autres inondations.
La fermeté des gouvernants fait généralement défaut et le laissez aller fait peser de lourds dangers sur les populations habitants les quartiers précaires. Par ailleurs, les investissements dans l’urbanisation ne suivent pas le rythme de peuplement des villes, obligeant les populations à trouver refuge en des lieux à haut risques.
Nombreuses sont les villes africaines qui ne sont pas en mesure de résister aux intempéries, à cause d’une politique d’urbanisation tombée dans l’obsolescence, du fait notamment des effets néfastes du changement climatique sources d’inondations. Les prévisions en lien avec les conséquences du changement climatique sur le continent africain sont pourtant connues des décideurs du continent.
Mais comme à l’accoutumée, les dirigeants sont passés maîtres dans le manque d’anticipation, de prévision et préfèrent plus « jouer aux médecins après la mort », face aux populations qui succombent très souvent à la fatalité, au lieu de voir les causes de leurs propres malheurs en elles-mêmes.
ABOUBACAR SOUMAÏLA