C’est une surprise en Guinée Conakry, d’autant que le très célèbre bataillon de la sécurité présidentielle (BSP) avait gardé tous les présidents guinéens à vie. Un dis positif sécuritaire hyper armé parallèle à l’armée nationale mais maintenu pendant longtemps dans la perpétuation d’une pratique à la mode dans d’autres pays, depuis au temps du père de l’indépendance Ahmed Sekou Touré jusqu’au Pr Alpha Condé et après lui, que le chef de la junte militaire guinéenne, le colonel Mamady Doumbouya vient de juger nécessaire de supprimer par un décret décidant ainsi de sa dissolution, pure et simple.
La présence de ce bataillon de la sécurité présidentielle, une super armée parallèle dans un même système sécuritaire d’un pays était en effet entrée dans les mœurs politiques, en Guinée depuis la mort du président Sékou Touré, comme dans plusieurs autres pays africains à la tête desquels un dictateur y règne en maître absolu, comme le Burkina Faso de Blaise de Compaoré, le Cameroun de Paul Biya, la Libye de Kadhafi, le Soudan de Mohamed El Bachir etc. L’obsolescence de ses forces armées parallèles inadaptées pour faire face aux nouvelles menaces du terrorisme et constitue un danger perceptible aujourd’hui pour les jeunes démocraties, au regard des enjeux de la géopolitique internationale en cours, qui se déploie en redessinant un monde multipolaire, à économie ultramoderne !
Les successeurs du défunt président guinéen sékou Touré ont maintenu cette armée et ont perpétué en même temps cette tradition héritée d’un régime d’exception, qui s’était caractérisé par une dictature hors paire en Afrique. Aussi, le bataillon de la sécurité présidentielle était devenu une nécessité dans un contexte marqué par une fronde sociale grandissante et surtout par la forte inclination des militaires à susciter des coups d’État.
C’est donc logique, que le colonel Mamady Doumbouya étant lui aussi parvenu au pouvoir par la force ne peut que garantir sa sécurité par des frères d’armes de confiance. D’où l’effet de surprise suscité par l’annonce d’un décret rendu public ce jeudi 27 Avril, faisant état de la dissolution du bataillon chargé de la Sécurité présidentielle (BSP).
Le décret du colonel Mamady Doumbouya entretient un vrai mutisme autour des mobiles exacts qui ont sous-tendu une telle décision, d’autant plus qu’elle intervient dans un contexte marqué par une tension au sein de la grande muette guinéenne, selon plusieurs sources. C’est aussi dans un contexte de grande rumeur faisant suite à cette information à l’origine d’une grave prédiction d’un jeune devin guinéen du nom de Mofa Sory Doumo ayant annoncé un « prochain coup d’État contre la junte militaire les jours à venir en indiquant les 18 ou 28 ».
Cette prédiction bruyante, semble être à l’origine de la décision du colonel Mamady Doumbouya de parer à tout risque de coup d’État, selon une bonne partie de l’opinion publique guinéenne. Mais l’analyse de certains observateurs va plus loin et s’appuie sur les récents événements en cours au Soudan ayant mis en lumière les dangers inhérents à la présence d’une armée parallèle qui a généralement du mal à se greffer à l’armée nationale.
Cette erreur a déjà coûté cher à l’homme fort du Soudan, le général El Burhane, qui a maille à partir avec l’armée parallèle du général El Emmedti qu’il aurait dû dissoudre dès sa prise du pouvoir. Ces crises qui émanent de telles armées parallèles devraient être saisies opportunément non pas pour asseoir une autre dictature mais pour mettre en route pour toujours une armée véritablement nationale et républicaine, au service de la nation, en mettant définitivement fin à des pratiques potentiellement porteuses de crises.
ABOUBACAR SOUMAÏLA