Beaucoup de putschistes ont pensé qu’il suffisait pour eux d’accéder au pouvoir, de frustrer les partenaires et les voisins, d’acheter des armes et de nouer de partenariat avec des mercenaires comme Wagner pour venir à bout facilement du terrorisme. Ces ignorants ne savent pas que l’instabilité politique désorganise et affaiblit les institutions y compris l’armée.
L’instabilité profite beaucoup plus aux terroristes qu’aux citoyens. A la lumière de la toute dernière interview que le Président de la République du Niger, S.E Mohamed Bazoum a accordée à Jeune Afrique, l’occasion a une fois encore été donnée aux langues de se délier. Il est connu de tous que Mohamed Bazoum est un homme de débat. A ce titre, ce qu’il pense, ce qu’il dit est toujours susceptible de générer des controverses, histoire pour pousser ses concitoyens et même ceux de nos pays voisins à une réflexion plus féconde sur la question sécuritaire au Sahel.
Sans cette manière de lever le lièvre qui est particulièrement la sienne propre, beaucoup d’entre nous dormiraient sur leurs lauriers, croyant avoir assez compris les réalités qui nous entourent. Et pourtant, la marche vers la solution passe nécessairement par une analyse sans complaisance du contexte. Sans quoi l’on courrait toujours le risque d’apporter des solutions inadaptées à de problèmes réels.
Le Président répondait à la question de savoir si l’option burkinabè des volontaires pour la défense de la patrie (VDP) pourrait être une solution porteuse, quoiqu’elle ne soit évidemment pas celle du Niger. Il précise que les terroristes auxquels ces VDP sont opposés sont plus forts et plus aguerris que nos armées. De ce fait, des civils recrutés à la va vite ne sauraient leur faire face, en plus du risque que ceux-ci ne servent que de chair à canon et aussi des ennemis dont le degré d’exposition est encore plus accru.
Je suis particulièrement heureux de constater que même le Professeur Farmo Moumouni s’était gardé de se verser dans un diagnostic du vrai ou du faux dans les propos du Président. C’est qu’il a justement compris que le Président Bazoum, en utilisant un possessif assez diplomatique voulait juste partager la peine des armées burkinabè et malienne, qui n’ont pas fait la même preuve que l’armée nigérienne.
Au demeurant, cela nous paraît normal, du moment où, que nos trois armées combattent en synergie ou non, l’ennemi lui, reste plus que jamais commun. Ce sont surtout les armées sœurs qui ont perdu des plumes face aux terroristes, avec les résultats que nous connaissons et sur lesquels ce ne serait que trop se répéter de revenir.
Quant à l’armée nigérienne, il est aujourd’hui une réalité palpable que le Président Bazoum, fort de son Conseil National de Sécurité dont il avait à juste titre loué les qualités, l’a mise dans les conditions de combattre et même d’anticiper sur l’ennemi. Les attaques d’envergure contre nos positions combattantes ne sont aujourd’hui que de vieux souvenirs.
C’est pourquoi, l’urgence pour nos États étant de mieux circonscrire les éléments du contexte et d’en adapter les solutions, nos voisins feraient mieux de ne pas trop s’attarder sur une communication stérile qui ne saurait avoir d’impact sur un terrain où la réalité impose sa loi.
ASMANE SAADOU