La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est une organisation sous régionale dont la mission principale est la création d’un Etat nation supranational dans lequel, les citoyens jouiront le plein droit de circuler et de s’installer dans l’espace et le temps de leur choix. L’intégration régionale n’est pas nouvelle à l’Afrique de l’Ouest qui a joué un rôle indispensable dans le commerce transsaharien. Le fleurissement des royaumes tels que le Ghana, le Mali, le Kanem/Borno ou le Kasar Hausa a facilité la circulation des personnes et des biens entre l’Afrique subsaharienne, le Maghreb, le Moyen-Orient et une partie de l’Europe. La libre circulation inscrite par la CEDEAO aurait, du moins, reflété le succès enregistré en Afrique de l’Ouest précoloniale. Après 48 ans de pratique, certains citoyens méconnaissent leur droit de circuler librement dans les 15 Etats de la CEDEAO. Certains Etats membres ne respectent pas leur engagement à promouvoir la libre circulation dans l’espace communautaire. Cet article évalue la mise en œuvre de la libre circulation dans l’espace communautaire CEDEAO en se référant à la théorie de l’intégration.
Un regard à perspectives nouvelles
La région Ouest-africaine est réputée être la partie la plus politiquement organisée de l’Afrique subsaharienne. Les empires et royaumes tels que le Nok, le Benin, le Ghana, le Songhaï, le Mali, le Kanem/Bornu, le Kasar Hausa ont fait la fierté du continent dans le passé. Cette réputation s’étend aussi à l’économie du contient.
Dès le Moyen Age, d’important réseau routier qui relie l’Afrique de l’Est au Maghreb et d’autres continents, sillonne cette partie du continent. L’Afrique de l’Ouest a été la pièce-maitresse du commerce transsaharien comme l’illustre la carte ci-dessous.
Le relief de l’Afrique de l’ouest qui présente moins d’obstacles, avec des rares chaines de montagnes et moins des forêts danses, a permis au colonisateur, notamment la France de regrouper ses colonies en un block : l’Afrique Occidentale Française (AOF). Les ex-colonies françaises, à leur indépendance respective, ont aussi opté, à la formation d’une communauté ouest africaine à base d’identité coloniale sans tenir compte des réalités socio-économiques, héritages ancestraux qui les lient aux autres Etats non colonisés par la France.
La politique coloniale française vis-à-vis de ses colonies en Afrique a atteint son objectif d’assimiler le peuple africain. Avec l’accès facile à la citoyenneté française et l’éducation de la métropole, les dirigeants des pays africains francophones se sentent solidaires et fraternels entre eux par rapport aux autres dirigeants des anciennes colonies européennes.
Des négociations, par les Chefs d’Etats francophones, pour la création d’une Communauté Economique de l’Afrique de l’Ouest (CEAO) destinée à remplacer l’Union Douanière des Etats de l’Afrique de l’Ouest (UDEAO) ont eu lieu en 1970. Le Niger s’oppose fermement à l’idée que l’union soit sur la base linguistique : « La CEAO, insiste le Président nigérien, ne peut pas être d’architecture purement sentimentale, ni linguistique.
Elle doit être géographique, donc englober nécessairement tous les pays de la région, même si par suite d’accidents historiques, certains d’entre eux se trouvent artificiellement plus ou moins isolés de leurs voisins ».
Cette intervention visait à inclure le Nigéria et les autres pays non francophones dans la CEAO. Le Niger n’accepte pas qu’une communauté soit formée en Afrique de l’Ouest sans que le Nigéria ne soit membre. L’intervention du Niger finit par porter fruits.
Après des manœuvres diplomatiques entre les Etats de la sous-région, une communauté est formée englobant tous les pays. (A suivre).
Dr. Mohammed D. UMATE
Spécialiste des Relations Internationales,