John Fru Ndi, ce nom rime au Cameroun avec les dures années d’opposition vécues par le président Paul Biya autour des années 1990. L’opposant historique camerounais vient en effet, de tirer sa révérence à l’âge de 81 ans et ce, à la suite d’une longue maladie, qui le rongeait depuis longtemps.
C’est un fait que le Cameroun vient de perdre un titan de la scène politique, dont les actions de contestations ont sûrement fait trembler le pouvoir autocratique du président Paul Biya, installé à vie depuis le 6 Novembre 1982, en défiant toute forme d’alternance politique. La vie du président du « Social Démocratic Front » ainsi a été marquée par un réel engagement pour la démocratie et les libertés au Cameroun.
Le « chairman », comme le surnommait a dirigé le SDF depuis sa fondation en 1990 et s’est présenté plusieurs fois aux élections présidentielles face à Paul Biya, dont la dernière restée dans les annales de l’histoire est celle de 1992, qui l’a vu talonner et mis en ballotage le président en exercice avec 36% de voix contre 40% à ce dernier. L’opposant a décrié une fraude massive, une fraude industrielle à « la Paul Biya », en se déclarant même élu président de son pays.
Originaire de la partie anglophone du Cameroun, John Fru Ndi cristallisait toutes les rancœurs de cette région dont les habitants crient à la marginalisation et à l’exclusion, en manifestant quelques fois des velléités sécessionnistes. Le combat de John Fru Ndi n’est pas resté vain, puisqu’il a servi de contre poids au régime absolutiste de Paul Biya, le contraignant à prendre en compte les doléances des régions marginalisées dans sa gouvernance du pays.
John Fru Ndi restera sûrement dans la mémoire collective de tous les démocrates camerounais comme l’opposant téméraire qui à secoué le baobab Paul Biya, distordant quelques racines, en le faisant perdre des feuilles au profit de quelques retombées démocratiques, aussi maigres soient elles. Il a donc tracé la voie à suivre pour les autres générations présentes et celles à venir en terminant son combat aujourd’hui par une leçon de sagesse en acceptant l’ouverture proposée par Paul Biya, le vieillard monarque.
MOUSSA NAGANOU