Au Burkina Faso, après l’étau qui se resserre sur les journalistes, c’est au tour des hommes politiques et autres contestataires de poids de vivre les menaces du régime du capitaine Traoré, pour avoir ramé à contre courant de la volonté de la junte militaire au pouvoir. Les enlèvements sont en effet, devenus monnaie courante au pays du capitaine Ibrahim Traoré et la liste des victimes politiques et disparitions ne fait que s’allonger.
Ainsi, après Salif Yaméogo et Abdoul Fatao Zeba, très connus pour leurs commentaires critiques voire acerbes sur la question sécuritaire au Burkina Faso, c’est au tour de l’ancien député Issoufou Nikiema du parti de l’union pour le progrès et le changement (UPC) de Zephirin Diabré, l’ancien Chef de File de l’opposition d’être enlevé avec son chauffeur le Vendredi 21 Juillet 2023 par des hommes cagoulés et ce, en plein jour à Ouagadougou, la capitale burkinabè.
Cette annonce de la disparition de l’ancien député a suscité une vive réaction de ses partisans, qui ont dressé des barricades sur la route N°6 entravant ainsi la circulation durant toute la nuit jusqu’au petit matin. Le parti de Zephirin Diabre, l’UPC exige la libération d’Issoufou Nikiema, suite à cet « acte crapuleux » et alerte les autorités Burkinabès sur ces pratiques liberticides, qui prennent de l’ampleur depuis des mois, tout en exigeant la libération du leader de la jeunesse du Centre du pays des hommes intègres.
Par ailleurs, ce sort aussi fut infligé à un leader religieux, donc un imam à Bobo-Dioulasso, qui a été enlevé à son domicile. Confrontés aux attaques terroristes, qui s’installent durablement dans le pays, c’est désormais à « un terrorisme d’État » auquel les citoyens burkinabè devront faire face et surtout les hommes politiques « désobéissants » aux désidératas de la junte de Ouaga.
Les burkinabè doivent-ils accumuler les frustrations et s’en accommoder désormais ? D’autant que le terrorisme cause déjà de nombreux refugiés burkinabè et refoulés de toute part, dans un Sahel en guerre totale contre un phénomène dont l’éradication va prendre encore du temps.
MOUSSA NAGANOU