Le terrorisme au Sahel et plus précisément au Burkina Faso a transformé des localités, voire des régions en des zones fantômes dépouillées de leur vitalité et par conséquent de l’épanouissement des populations. C’est malheureusement aujourd’hui le cas des villes situées dans la zone des « trois frontières » qui renvoie géographiquement à la limite précise située au Sahel entre trois pays : le Mali, le Burkina Faso et le Niger.
Cette région particulièrement difficile à contrôler pour les gouvernements de ces trois États et est désormais sous le contrôle du terrorisme international. On a déploré le cas de la ville de Djibo tombée sous le blocus des terroristes provoquant ainsi une situation humanitaire devenue catastrophique.
Les populations de cette ville sont aujourd’hui réduites à des réserves de nourriture presque épuisées. C’est malheureusement le sort tragique qui est réservé à la ville de Seytenga, aux confins de la frontière du Niger. En effet, les terroristes qui écument cette ville ont exigé le déguerpissement et la réquisition de villages entiers, faisant de « Seytenga une ville encerclée ».
Les terroristes exploitent allègrement l’absence d’une offensive de l’armée burkinabè pour mener des exactions en attaquant sur la route, sur l’étendue de la zone qui couvre Dori à l’Ouest et Téra, qui se situe de l’autre côté de la frontière au Niger. Récemment, seytenga a encore fait l’objet d’une double attaque précisément au site d’orpaillage de Tondibi et du village de Kourakou qui a fait 44 morts dans la nuit du 6 au 7 Avril 2023. On se rappelle qu’en juin 2022 la ville de Seytenga a été le théâtre d’une attaque terroriste qui a fait 86 morts dans la nuit du 11 au 12 juin contre la commune de Seytenga, dans la province du Séno.
Cette attaque a occasionné un drame humain par le déplacement forcé de plus de 26 000 personnes vers la ville de Dori. La zone des trois frontières a toujours été marquée par un climat d’insécurité du fait de la présence de groupes armés, de la montée de la criminalité et des tensions intercommunautaires. L’accès aux populations affectées est limité dans certaines localités en raison de la situation sécuritaire, du mauvais état des infrastructures et des conditions géographiques difficiles.
Et pourtant, des actions concrètes ont été entreprises par les États-majors des deux pays. En Août 2022, le Burkina Faso et le Niger ont conclu, un accord de coopération militaire permettant de multiplier les opérations conjointes sur le terrain. Une coopération qui s’est matérialisée par la présence aux frontières du Niger et du Burkina Faso des opérations Tanli 1, Tanli 2 et Tanli 3.
Mais depuis l’avènement du capitaine Ibrahim Traoré, cette coopération militaire s’est brusquement arrêtée, ce qui a permis aux attaques terroristes de prospérer dans la zone des trois Frontières dont fait malheureusement partie la ville de Seytenga. Cet exemple corrobore l’idée toujours soutenue par les institutions sous régionales comme la CEDEAO qui exhorte inlassablement les pays de la zone en proie au terrorisme à développer et déployer une véritable coopération militaire en vue de lutter efficacement contre ce fléau.
L’absence d’une telle coopération ente le Niger et le Mali a fait de la zone des trois frontières et particulièrement la ville de Seytenga un véritable épicentre des attaques terroristes et l’enracinement de bandits de tout acabit, qui ont fait transformer des grandes localités en « villes fantômes ».
ABOUBACAR SOUMAÏLA