Au Burkina Faso, l’accession au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré et de sa troupe était considérée par beaucoup de burkinabè comme le retour du patriotisme prôné par le révolutionnaire Thomas Sankara. On se rappelle que sous la révolution, le capitaine Sankara avait pu mobiliser les burkinabè dans un élan patriotique par des contributions restées célèbres, en vue de l’édification du Burkina Faso.
Ces opérations faites avec beaucoup abnégation sont restées toujours dans la mémoire du peuple Burkinabè et ont suscité beaucoup de sympathie dans d’autres pays africains, à l’égard de ce leader incontesté que fut Thomas Sankara. C’est ce sacrifice que la junte militaire avait exigé au départ au peuple Burkinabè par leur contribution surtout financière à l’effort de guerre contre le terrorisme.
Mais force est de constater qu’au fil du temps, cette décision avait suscité des remous au sein de la population, en obligeant ainsi la junte militaire à revoir sa copie par une contribution dite finalement volontaire et libre des populations à l’effort de guerre.
Le montant des contributions recherché d’ici un an est fixé à 100 milliards de francs CFA. Ce montant devra permettre le financement de l’équipement, et surtout la solde et l’entraînement des volontaires de défense de la patrie, les fameux VDP.
Au bout de trois mois de mobilisation et de collecte, le montant réuni est estimé à près de huit (8) milliards de francs CFA. Un fonds qui équivaut à 8% des attentes des moyens projetés après trois mois sur les 12 de l’année. A ce rythme, s’il n’accélère pas, la lutte contre le terrorisme aura du mal à mobiliser et obtenir les moyens escomptés au Burkina Faso pour faire face à la réalité du front antiterroriste.
Si la mobilisation des moyens financiers devant servir à rapidement former et équiper les volontaires pour la défense de la patrie, les supplétifs de l’armée burkinabè parait timide, la menace terroriste quant à elle s’accélère de jour en jour et avance à grands pas au pays des hommes intègres, en multipliant le nombre des déplacés internes, en endeuillant des familles et en isolant ou en coupant du reste du monde par des blocus des villes entières.
Si la mobilisation des moyens financiers attend encore pour donner au capitaine les ressources pour lutter efficacement contre le mal terroriste, les fronts ouverts par la junte elle-même contre certaines forces internes et les autres pays risquent d’aggraver inévitablement la vie des populations dans les villages reculés et autres campagnes éloignées de Ouagadougou du pays d’Ibrahim Traoré, malheureusement.
Ces huit (8) milliards déjà mobilisés sont certainement insuffisants mais témoignent tout de même timidement d’une solidarité des populations vis à vis des autorités Burkinabè qui devront désormais user d’autres stratégies afin d’améliorer cette contribution dans l’atteinte de l’objectif fixé, au lieu de multiplier les voies de diversion. Mais, c’est surtout la pertinence de l’allocation de ces fonds qui est à interroger.
Visiblement, ces fonds sont destinés au financement de la stratégie du tout militaire, récemment révisée sans intégrer le volet social. Aussi, réorienter, ne serait-ce qu’une partie de ces fonds dans le volet social permettrait aussi une insertion de ces jeunes devenus une véritable pépinière du terrorisme, exploités à fond du fait de leur faiblesses et de leur posture de véritables nécessiteux.
Les ressources sont certes nécessaires à l’atteinte de tout objectif mais à condition d’être utilisées de façon pertinente et judicieuse. Moussa NAGANOU