Le Samedi 29 Avril 2023, les représentants des populations du village de Karma sont sortis déverser leur amertume, leur déception, leur colère, leur effroi et dire la vérité aux Burkinabè et au monde entier sur le carnage, l’enfer vécu qui avait eu lieu dans leur village. Daouda Bélem annonce qu’il y a eu « 147 personnes froidement tuées par des militaires burkinabè à Karma dont 28 femmes et 45 nourrissons », qui n’ont ni conscience ni le minimum de raison pour comprendre pourquoi l’armée burkinabè leur refuse de grandir et vivre comme tout autre citoyen né sur terre.
C’est neuf (9) jours après le massacre de Karma que les rescapés sont sortis pour décrire la nature de l’enfer vécu par eux dans la matinée du 21 Avril. Leur représentant Daouda Bélem décrit une scène horrible se déroulant dans le quartier « Moiga Yiri, de Karma où des vieillards, des femmes, certaines sont enceintes et d’autres portent des enfants sur le dos ont été cruellement tués y compris les bébés ».
Les parents des victimes de ce carnage exigent un « pardon public de l’Etat burkinabè et de l’armée du Faso » pour leur aider à faire le deuil de leurs proches supprimés dans une violence gratuite. Violence, crime, barbarie, terreur, violations des droits humains, l’armée burkinabè a excellé à Karma sur ce tableau pour le moins sombre dans cette pratique indigne des temps modernes.
Daouda Bélem explique que des habitants porteront pour toujours des blessures inguérissables dans leurs mémoires pour avoir assisté à une telle scène d’horreur. Car jamais dans leur vie, les habitants de Karma n’ont imaginé qu’une armée républicaine aurait pu commettre drame, au moment même où ils espéraient le soutien de celle-ci pour vivre en pays dans leur pays.
Mais le carnage de Karma par sa violence indescriptible et l’ampleur du drame humain vient rappeler avec la même ardeur celui de Moura au centre du Mali, dans la région de Mopti en fin Mars 2022. D’autant qu’à Moura aussi, pendant cinq (5) jours, du 27 au 31 Mars 2022, les forces armées maliennes (FAMAs), leurs supplétifs russes du groupe des mercenaires privés Wagner, ainsi que des hélicoptères avaient assiégé la localité de Moura au cours d’un festival pour bombarder, tuer et ordonner aux villageois de creuser des fosses communes où plusieurs morts avaient été enterrés.
Plusieurs sources différentes avaient estimé le bilan entre 200 à 600 personnes tuées au cours des cinq jours de carnage perpétré, sans vergogne par l’armée malienne et ses supplétifs privés russes. La junte militaire avait fini par annoncer « 203 terroristes tués à Moura», avant de s’adjuger un visage de défenseur des droits humains.
Un bilan totalement en deçà de la réalité, un secret de polichinelle aux yeux du monde entier que les juntes militaires refusent de regarder en face en vue de répondre de ce drame humain. Le drame de Moura comme celui de Karma constituent aujourd’hui des signatures indélébiles dans la conscience des juntes militaires burkinabè et malienne.
Le premier secret de Karma avait déjà été révélé par le procureur du Faso, près le tribunal de grande instance de Ouahigouya, dans son communiqué qui évoque 60 personnes tuées par des hommes en tenues des militaires burkinabè. Il avait annoncé l’ouverture d’une enquête judiciaire, en vue de trouver les auteurs d’un tel crime et les punir conformément à la loi.
C’est ensuite qu’un autre communiqué du porte-parole du gouvernement est venu minimiser une telle tuerie, en vantant l’engagement des forces de défense et de sécurité du pays à combattre le terrorisme. Juste après une brève joie de recevoir les militaires burkinabè dans le village par les populations, la barbarie avait commencé avec les premiers coups de feu sur les villageois rassemblés sous la convocation des soldats.
Les morts étaient laissés exposer pendant plus d’une semaine pour être enterrés. Les populations poursuivis, rattrapés et les photos des téléphones portables détruites afin de cacher la forfaiture militaire ainsi commise en silence au 21è siècle encore en Afrique.
MOUSSA NAGANOU