L’étau se resserre de plus belle sur la presse indépendante au Burkina Faso. En effet, après avoir suspendu récemment France 24, la junte militaire burkinabè au pouvoir vient d’expulser ce samedi 1er Avril encore les correspondantes de deux quotidiens français de grande renommée internationale, en l’occurrence « LE MONDE » et « LIBERATION ».
Ces deux journalistes ont été convoquées à la sûreté nationale et ont reçu l’ordre de quitter le Burkina Faso dans les 24 heures. Le quotidien « LIBERATION » précise que « la publication le 27 Mars de l’enquête de Libération sur les circonstances dans lesquelles a été filmée une vidéo montrant des enfants et adolescents exécutés dans une caserne militaire, par au moins un soldat, avait évidemment fortement déplu à la junte au pouvoir au Burkina Faso ».
Les autorités Burkinabè quant à elles accusent les deux journalistes de manipulation via une vidéo qui ternit l’image du pays des hommes intègres. Selon le porte-parole du gouvernement burkinabè, Jean-Emmanuel Ouédraogo, « le gouvernement condamne fermement ces manipulations déguisées en journalisme pour ternir l’image du ‘pays des Hommes intègres ».
La publication le 27 Mars de l’enquête de LIBERATION d’une vidéo montrant des enfants et adolescents filmés et exécutés dans une caserne militaire, avait suscité le courroux d’Ibrahim Traoré et de sa troupe.
Après la suspension en début décembre, de Radio France Internationale (RFI) et de France 24 du même groupe que RFI, la junte militaire burkinabè continue de ratisser large en réduisant au silence les médias, tout en rallongeant ainsi à sa guise le nombre de « boucs émissaires » en masquant ses défaillances notoires sur le terrain de la lutte contre le terrorisme.
Mais, il faut comprendre le jeune capitaine Ibrahim Traoré acculé par la poussée infernale des terroristes devenus incontrôlables par l’armée burkinabè visiblement à bout de souffle. Parce que ces mêmes militaires, qui ayant déserté le front terroriste en abandonnant leur mission, se retrouvent aujourd’hui à Kossyam, dans un palais luxueux, en ignorant que la réponse à la sécuritaire n’est pas uniquement que militaire.
Celle-ci obéit à une stratégie globale qui intègre à la fois la réponse certainement militaire, sociale, économique et politique. Une approche totalement étrangère au mode de gouvernance des juntes militaires burkinabè et malienne.
Une stratégie antiterroriste que le capitaine Traoré vient et sa troupe de « concocter à la va-vite » juste la semaine dernière et adoptée par le gouvernement de transition. Depuis 7 mois qu’elle est au pouvoir, la junte militaire burkinabè naviguait à vue en réalité contre le terrorisme, qui mine le pays des hommes intègres.
En dirigeant leur colère contre les médias, les militaires burkinabè ne changent rien à la réalité du terrain et au lieu d’en faire des médias des aiguillons pour éclairer et améliorer leurs stratégies, encore à l’état embryonnaire. C’est pourquoi, il faut comprendre le capitaine Traoré, parce qu’il n’a pas encore en main la solution au phénomène terroriste et préfère ainsi faire feu de tout bois, en choisissant la diversion pour nourrir son existence politique. Ce n’est que du populisme !
MOUSSA NAGANOU