A quel jeu joue le pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré au pays du Faso ? L’on est tenté de se poser cette question au regard du manque de fermeté, qui caractérise les décisions de la junte militaire. En effet, dix jours après la demande du départ des troupes françaises de l’opération Sabre dans un délai d’un mois suivi d’une visite du Premier ministre Apollinaire Kyelem de Tambela au Mali voisin, le président de la transition sort de son silence pour clarifier les relations avec le partenaire français.
En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, le chef de la transition burkinabè mise sur le déploiement à venir de milliers de volontaires pour la défense de la patrie (VDP) dont la formation touche à sa fin. Ce seront 90 000 Burkinabè candidats aux VDP qualifiés de « Wagner du Burkina » par le président de la Transition qui devront renforcer les actions de l’armée nationale burkinabè, visiblement dépassée par l’hydre djihadiste. Les VDP seront donc porteurs du flambeau de la libération du pays des hommes intègres.
Sous entendu que, Wagner n’est pas présent au Burkina Faso, malgré les nombreuses allégations qui ont alimenté ce débat. La nation peut se passer de la sous-traitance de sa sécurité en faisant recours à ses dignes fils épris de patriotisme.
Par ce discours, le capitaine Ibrahim Traoré a décidé de couper court aux multiples spéculations qui ont entouré cette affaire. Ce prétendu partenariat nié au début par les autorités Burkinabè et ensuite attesté par ces mêmes autorités avait jeté un froid dans ses relations avec le voisin Ghanéen.
Pour rappel, le président Ghanéen avait condamné la présence de Wagner au Burkina Faso, et trouvé incohérente l’attitude de la junte militaire Burkinabè quant à sa relation avec le groupe Wagner. Aussi, les VDP sont « les nouveaux Wagner » burkinabè qui auront la lourde tâche de combler sur le terrain l’absence de la Force Sabre contrainte de faire sa valise pour cause d’incompétence, selon les autorités.
Par ailleurs, cette demande de départ coïncide avec la visite du Premier ministre Apollinaire Kyelem de Tambela au Mali dans le but de renforcer les relations entre les deux pays. Cette visite a renforcé l’idée d’une rupture définitive d’avec la France, mais non assumée par les burkinabè contrairement aux Maliens.
En témoigne, la proposition de la création d’une fédération avec le Mali, une volonté qui scelle l’alliance entre ces deux pays tombés dans l’escarcelle russe. Une simulation de la création de cette fédération portera sûrement à sa tête le colonel Assimi Goita, du fait de son rang et ramènera le capitaine Ibrahim Traoré au titre de vice-président de la Fédération Burkina-Mali.
On évitera ainsi un risque de bicéphalisme au sommet de la Fédération Burkina-Mali. Ce sera la première aventure politique réussie dans la sous région avec évidemment une monnaie commune et une stratégie de développement concertée, à imaginer et à créer. Vive la « fédération Burkina-Mali », sous la protection et la bénédiction de l’empire russe !
ABOUBACAR SOUMAÏLA