Au Burkina Faso, les terroristes multiplient certainement les stratégies de la terreur face à la réaction du pouvoir Burkinabè, qui a l’ambition de les neutraliser. En effet, dès ses premiers instants à l’accession au pouvoir, le capitaine Ibrahim Traoré s’était engagé à exterminer la « vermine » terroriste dans un délai de trois mois.
L’euphorie de la jeunesse du capitaine mêlée à celle d’un pouvoir conquis par la force n’avait pas permis à ce nouveau « messie politique» de mieux appréhender les arcanes de la lutte contre l’insécurité, liée au terrorisme. Certes, les sorties du capitaine Ibrahim Traoré étaient ponctuées souvent de propos galvanisateurs à l’endroit des burkinabè, épris de liberté et de patriotisme.
Il est apparu comme le capitaine Thomas Sankara « ressuscité » par l’adoption d’une partie du discours de cette légende burkinabè. Sans tarder, la junte au pouvoir avait déployé sa stratégie de sécurisation du territoire, en misant sur les énormes enclaves sous contrôle djihadistes.
On a procédé ainsi en grande pompe à l’enrôlement de jeunes soldats patriotes qui ont la rage de redorer le blason terni du pays des hommes intègres. La décision de nouer un partenariat avec le groupe Wagner, bien que nié à ces débuts par la junte militaire au pouvoir est désormais un fait tangible.
Les pro-russes burkinabè ont fini par avoir le dessus sur la tendance plus modérée qui s’était affichée aux premières heures de la conquête du pouvoir. On se souviendra du discours du Premier ministre Burkinabé Apollinaire Kyelem de Tambella qui jugeait inopportune toute rupture d’avec le partenaire historique français, tant les liens tissés depuis la colonisation étaient fort prononcés.
Mais, c’est au moment où le pouvoir burkinabè pensait avoir cerné les jeux des terroristes que ces derniers ont apporté un changement dans leur stratégie, en posant des mines qui ont occasionné des morts et rendu le transport routier incertain.
Les djihadistes venaient d’apporter une « touche » plus cynique à leur sombre ambition de terreur. C’est encore pour « enfoncer » le clou dans la plaie que cette nébuleuse terroriste a opté désormais « pour l’enlèvement des personnes » au Nord du Pays.
En effet, le jeudi et le vendredi deux groupes de femmes ont fait l’objet d’enlèvement par des groupes terroristes. On dénombre 50 femmes qui s’étaient rendues en brousse pour la cueillette des plantes et des fruits sauvages pour se nourrir.
Cette tactique nous rappelle encore celle opérée par le groupe Boko Haram au Nigeria. En Avril 2014, pendant l’insurrection de Boko Haram, dans la nuit du 14 au 15 avril 2014, 276 lycéennes sont enlevées par des terroristes de Boko Haram pour en faire esclaves sexuels.
Ces otages sont instrumentalisés à plusieurs fins. Tantôt ces filles sont utilisées comme esclaves sexuels, tantôt elles servent de chantage pour faire aboutir des revendications lors de négociations avec le gouvernement fédéral.
Cette stratégie de « Bench-marking » désormais implémentée par les terroristes au Burkina Faso témoigne de la collaboration évidente entre les différents groupes terroristes, qui n’évoluent certainement pas en vase clos.
C’est un fait que les criminels fédèrent mieux leurs énergies, leurs stratégies pour vaincre toute résistance à l’expansion de leur sombre projet de déstabilisation de la région, au moment où les Etats font preuve de la plus grande léthargie.
C’est donc une nouvelle épine, qui vient de se greffer sur les pieds de la junte militaire au pouvoir à Ouagadougou. Permettre à ces femmes de recouvrer leur liberté est à première vue, une urgente obsession pour le capitaine Ibrahim Traoré.
ABOUBACAR SOUMAÏLA