Au Burkina Faso, les évènements se sont accélérés au sommet de l’État après le limogeage du Premier ministre Apollinaire Joachim Kielem de Tambellale le vendredi 6 Décembre 2024 et la nomination d’un nouveau Premier ministre dès le lendemain portant sur le jeune journaliste de 44 ans, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, le Capitaine Traoré veut savoir tirer profit à la fois de la force de la jeunesse mais aussi de celle de la puissance communicationnelle de cet ancien directeur de la radio et télévision nationale du Burkina, qui a occupé efficacement jusqu’à lors, le poste de ministre d’Etat chargé de la Communication, de la Culture, des Arts, du Tourisme et porte-parole du gouvernement. Les raisons d’un tel changement au sommet de l’exécutif sont donc claires comme l’eau de roche et loin au dessus des conflits inutiles des clans des supporters du jeune Capitaine du Faso mais également bien loin d’être perceptibles comparées à celles du voisin malien dont les écarts de langage de son ancien Premier ministre Choguel Kokala Maiga allant jusqu’à exhiber des accusations farfelues aux membres de son propre Gouvernement et d’exiger une clarification de la position du Général Assimi Goïta sur la fin de la Transition, dont lui-même était jusqu’à son limogeage un acteur central, semblent être les raisons principales de sa chute.
N’empêche qu’à Ouagadougou les spéculations vont bon train et d’aucuns estiment que des points de divergences voire des clivages profonds du Premier ministre Tambèla avec le capitaine Ibrahim Traoré, en ce qui concerne la stratégie de lutte contre le terrorisme seraient à la base de ce divorce brutal. Les graves écarts langagiers publics connus, largement partagés et circulant encore dans les réseaux sociaux montrent le désormais ex Premier ministre Apollinaire Joachim de Tambella en vives contestations des traditions africaines devant les leaders coutumiers au cours d’une rencontre d’échanges à Ouagadougou.
Quid du choix du journaliste Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo ?
Plusieurs analystes sont par contre surpris par ce choix curieux du Capitaine Ibrahim Traoré dans un contexte particulier d’insécurité que connaît le Burkina Faso, d’autant plus que des questions épineuses comme le terrorisme devraient être confiées à un administrateur expérimenté et plus aguerri ayant assez pratiqué le terrain politique. Mais c’est méconnaître proprement qu’en temps normal, tout comme en temps de guerre, l’enjeu majeur de la gouvernance se trouve aussi dans la bataille de la communication et cela, pas beaucoup moins qu’ailleurs dans d’autres secteurs et il faut saluer le Capitaine Traoré pour l’avoir bien compris.
Parce que « qui gagne la bataille de la communication, gagne aussi la guerre », à bien comprendre le dicton à ce sujet. Ainsi, le jeune Premier ministre devra travailler aux côtés du jeune Chef d’État militaire, afin de bien harmoniser la guerre de la communication avec celle des armes, en vue de porter haut les idéaux du pays des hommes intègres et à leur plus noble expression.
Épidémie de chute des Premiers ministres ?
Mais face à ce qu’il est désormais convenu d’appeler une « contagion de limogeage des Premiers ministres » au sein de l’AES, on s’interroge aujourd’hui sur le sort de celui du Niger, au cœur déjà mais certes à tort de toutes formes de spéculations. D’autant plus qu’aucun tort connu du public nigérien ne peut lui être opposé actuellement au Premier ministre Mahaman Ali Lamine Zeine, un professionnel des Finances publiques qui a déjà étaler ses preuves en mettant le Niger au diapason avec tous les bailleurs internationaux et le pays du Général Abdourahmane est aujourd’hui quitte avec ses partenaires techniques et financiers dans le monde.
Le seul reproche à faire au Premier ministre Nigérien reste sa lenteur à trouver une solution idoine et rapide pour apurer la dette intérieure du Niger et beaucoup d’acteurs socio-économiques souffrent sous le poids des dettes, à cause du non règlement de celle intérieure, depuis plus d’un an. Si les fautes politiques des Premiers ministres Burkinabè et Malien ont été fatales pour eux, c’est encore au stade de spéculations que se trouvent les critiques formulées contre celui du Niger sur son « immobilisme politique, attente de la dette intérieure, cumul des fonctions, manque d’intérêt pour la communication stratégique en temps de guerre, absence de communication stratégique, absence d’harmonie dans la communication, absence de communication institutionnelle, cacophonie, absence d’efficacité au plan national, absence des points focaux, une adhésion massive certes des médias privés à la cause nationale mais une contribution malheureuse, du fait d’absence de coordination », bref le chapelet de reproches est long mais le manque d’oreille attentive reste un défi majeur.
Au Burkina Faso, engagé en politique seulement en 2022 avec l’avènement du Colonel Paul Henry Sandhaogo Damiba, le journaliste Jean Emmanuel Ouédraogo a su garder le cape pour vite réaliser son ascension politique, dans un contexte particulièrement difficile. Là-bas au moins, les autorités militaires comprennent que l’édification d’une société de paix, de prospérité et de développement socio-économique durable nécessite les « petites mains » de toutes les catégories de citoyens dans les tréfonds et riches statuts des pays africains.
MOUSSA NAGANOU et ABOUBACAR SOUMAILA