Le président de la Transition du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré a rencontré les étudiants et les enseignants de l’université Ki Zerbo de Ouagadougou pour débattre de plusieurs questions, qui concernent au plus haut point la nation burkinabè. Plusieurs questions étaient au cœur des échanges dont notamment la sécurisation des universités et surtout celle relative à la question des Volontaires pour la défense de la Patrie (VDP).
D’entrée de jeu, le président de la Transition a exhorté les étudiants à ne pas succomber à la tentation liée aux questions ethniques et religieuses, qui sont source de stigmatisation de certains groupes ethniques. La crise sécuritaire a en effet commencé à exacerber les tensions entre les groupes ethniques qui, jadis vivaient en parfaite harmonie.
Certaines voix s’élèvent aujourd’hui pour évoquer la montée en puissance des démons de la division. Malheureusement, des démons propices à l’expansion djihadiste au moment où il est impératif pour la nation burkinabè de faire front commun contre les ennemis de la nation.
Outre la question identitaire, le capitaine Ibrahim Traoré a aussi abordé avec les étudiants le fameux projet des volontaires pour la défense de la Patrie (VDP).
La junte militaire au pouvoir à Ouagadougou avait annoncé en fin Novembre avoir recruté 90.000 volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Le recrutement de ces supplétifs civils vise à renforcer l’armée dans la lutte contre les groupes extrémistes violents.
Cette initiative fut perçue comme une approche révolutionnaire dans la stratégie de lutte contre le terrorisme. Elle avait galvanisé une grande partie de la jeunesse, qui a saisi l’occasion d’implémenter le fameux slogan « la patrie ou la mort, nous vaincrons ».
Seul bémol, comme tout projet, il aurait dû en amont être soumis à l’appréciation de la cible afin de mieux intégrer certains aspects souvent dissimulés dans l’inconscient collectif.
La démarche actuelle aurait dû être inversée en privilégiant la concertation avec les groupes cibles, afin de recueillir leurs impressions dès le départ. Mais on a assisté à une stratégie inverse du capitaine Ibrahim Traoré, qui a mis la charrue avant les bœufs.
Au lieu de soumettre et tester sa stratégie dès le début de l’opération de charme du recrutement des volontaires pour la défense de la patrie (VDP), en recueillant les avis des populations des différentes régions du pays des hommes intègres, à travers une consultation publique, le capitaine a préféré son offre publique d’achat (OPA), avant d’engager maintenant son autre opération assimilable à la politique de « la charrue avant les bœufs » !
Face au fait accompli et au contexte sécuritaire, qui connait un développement inquiétant ces derniers jours par l’enlèvement de 80 femmes. Il était indispensable pour la junte au pouvoir de repenser sa stratégie d’ensemble sans occulter d’associer à la base toutes les forces vives du Faso. Les dures réalités de l’apprentissage de la gestion du pouvoir continuent encore pour le capitaine Ibrahim Traoré.
ABOUBACAR SOUMAÏLA