Alors que les observateurs de la scène politique pensaient à l’entente cordiale entre la France et le Burkina Faso, suite à la visite de la Secrétaire d’État auprès de la ministre française des Affaires Etrangères Chrysoula Zacharopoulou, le pays du capitaine Traoré emboîte le pas au Mali, visiblement. Car la crise sécuritaire au Burkina Faso n’a pas fini de livrer ses secrets comme ses épisodes, depuis l’accession au pouvoir du jeune capitaine Ibrahim Traoré.
Les tombeurs du colonel Paul Henri Damiba, le capitaine Ibrahim Traoré et ses camarades d’armes et de civiles accusent déjà celui-ci d’être très proche de la France. Le jeune capitaine Traoré, qui change aussi de fusil d’épaule et de position comme un « caméléon », en jouant à l’équilibriste du jour au lendemain n’est pas droit dans ses bottes.
Pourtant, aux premières heures de leur accession à la tête du pays des hommes intègres, le tandem Ibrahim Traoré et Kyelem Apollinaire de Tambela ont jugé inopportune la décision de rompre d’avec la France, avec qui leur pays partage des relations séculaires !
Mais, c’était sans tenir compte de l’influence de la rue dominée par les activistes civiles à la solde de la Russie, qui clamaient haut et fort la rupture d’avec la France considérée comme la boîte de Pandore de tous les malheurs, qui frappent le Burkina Faso.
Les récurrentes récriminations contre l’exécutif Burkinabè dans l’hésitation ont fait plier l’échine au gouvernement devant « ces monstres » bouillonnants de la rue, qui dirigent depuis par procuration le pays à cris de slogans bruyants anti-français.
Ce rétropédalage de la junte militaire au pouvoir s’est vite confirmé par le pacte dénoncé par le Ghana voisin entre le Burkina Faso et le groupe des mercenaires russes de Wagner, scellant ainsi, de fait, la rupture d’avec la coopération militaire française.
Cependant, la stratégie Wagner n’a pas freiné la progression des terroristes. Pis, ces derniers ont adopté une nouvelle stratégie de nuisance dont fait partie l’enlèvement d’environ 80 femmes au Nord du Pays.
Heureusement que soixante deux (62) d’entre elles et quatre (4) nourrissons furent retrouvés, suite à un simple contrôle de routine de la police. Un véritable coup de chance…
Mais, les évènements se sont accélérés le mercredi dernier, lorsque le gouvernement burkinabè a dénoncé, l’accord de défense qui régit depuis 2018 la présence des forces armées françaises sur son territoire. « Cette dénonciation faite le 18 janvier 2023 donne un mois aux Forces armées françaises pour quitter le territoire burkinabè », selon les termes de l’accord du 17 décembre 2018.
C’est donc désormais clair, le pays des hommes intègres emboîte le pas au Mali, en procédant ainsi à la rupture certaine de l’accord, qui régit la présence des forces armées françaises sur son territoire.
Certes, il ne s’agit pas encore d’une rupture totale de la coopération avec la France, mais d’une remise en question de sa présence militaire aux côtés des burkinabè dans une perspective de protection des populations contre les terroristes.
Le Burkina Faso vient d’amorcer un tournant décisif dans son histoire politique, en s’inscrivant dans une logique de rupture d’avec la France. L’avenir nous édifiera sur les retombées d’une telle décision. A l’université Joseph Ki Zerbo de Ouaga déjà, le capitaine Traoré a promis aux étudiants qu’il révisera les relations diplomatiques avec certains pays pour des questions de souveraineté, sans les nommer.
Pour l’heure, les faucons du « souverainisme » ont pris le dessus sur les tendances modérées, qu’incarnait la junte militaire Burkinabè, à ses premières heures de l’accession au pouvoir. Depuis bientôt 4 mois, la junte militaire tergiverse au sommet de l’Etat et exprime tout son mal à afficher une conduite politique clairement définie pour sortir de la Transition politique de sitôt.
Le président français Emmanuel Macron monté au créneau dénonce quant à lui, dès hier soir une relation caractérisée par une confusion entre ce qui se dit et ce qui se fait entre Paris et Ouagadougou. Il en appelle le capitale Traoré à sortir expliquer clairement sa position réelle aux autorités françaises de vive voix, entre remplacement de l’ambassadeur de France au Burkina et menace d’expulsion des forces françaises dans son pays. En attendant l’explication officielle entre le jeune capitaine Traoré et l’autre jeune président français, l’étoffe des relations séculaires brule de vive flamme et la diplomatique se brouille davantage, sinon se détériore entre Paris et Ouaga !
ABOUBACAR SOUMAÏLA