<<Les premiers pas conduisent aux autres>>, dit on. Cet adage pourrait aujourd’hui s’appliquer à la spirale des coups d’État qui a fini par conquérir les mœurs politiques dans certains pays de l’Afrique en général et plus particulièrement ceux du Sahel Central.
Ainsi, on apprend des autorités Burkinabè que trois militaires dont l’adjudant Windinmalégdé Kaboré, le sergent-chef Brice Ismaël Ramdé et l’ex-caporal Sami Dah auraient tenté de renverser le régime d’Ibrahim Traoré et «ont reconnu sans ambages les faits».
En effet, selon le parquet militaire saisi en Août «des faits selon lesquels des militaires et anciens militaires, en intelligence, procéderaient à l’identification de points sensibles et de domiciles dont celui du président de la Transition – le capitaine Ibrahim Traoré et de certaines autorités civiles et militaires en vue de déstabiliser la conduite de la Transition».
Depuis donc près de 3 ans, l’Afrique de l’Ouest et plus particulièrement le Sahel Central connaît des coups d’État qui ont profondément modifié le paysage politique de certains pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger désormais sous contrôle des autorités militaires dont le message principal envoyé à leurs populations respectives est la reconquête de la souveraineté nationale.
Ces nouveaux messies se sont installés au cœur du pouvoir avec pour ambition de libérer leurs pays de la domination de certaines puissances occidentales dont la France est aujourd’hui la cible principale avec comme conséquence la montée en puissance de la rhétorique anti-française au point où l’opinion publique dans ces pays considère l’ex Métropole comme la véritable boîte de Pandore de tous les maux qui les assaillent depuis leur accession à l’indépendance autour des années 1960. Toutes les accusations formulées contre Paris lui collent parfaitement à la peau, tellement que la France n’est restée longtemps qu’à l’affût de ses intérêts et muette ou insensible aux cris de détresse de ses « amis africains » à travers le monde.
Ainsi, le phénomène des coups d’État désormais en vogue sur le continent est en passe de devenir la règle générale par l’effet de domino constaté dans la sous-région avec récemment une extension en Afrique centrale, à travers le renversement d’Ali Bongo au Gabon par des militaires venus eux aussi selon la nouvelle formule désormais consacrée pour sauver la nation gabonaise au bord du péril politique.
Si la nouvelle constitution du Mali savamment suscitée par le colonel Assimi Goita condamne curieusement tout processus de prise de pouvoir par la force aussi, il n’en demeure pas moins que la force se positionne désormais comme le moyen unique de conquête et de reconquête du pouvoir, aucune garantie n’est donc donnée au peuple de ce pays que les velléités putschistes pourraient être définitivement abandonnées par des éventuels candidats.
Le risque de voir encore de nouveaux dirigeants militaires évincés les hommes forts dans ces pays est à prendre au sérieux, d’autant plus que le pouvoir politique appartient désormais au plus fort qui détient à son compte l’armée et qui impose par conséquent sa loi au peuple gagné désormais par l’euphorie de la conquête de la souveraineté nationale promise à grandes pompes par ces nouveaux sauveurs sortis des casernes. Il est donc légitime de craindre que le Sahel Central sombre dans une spirale sans fin des coups d’État, en donnant ainsi raison aux détracteurs d’une telle aventure politique dont la CEDEAO s’inscrit en première ligne contre <<toute prise du pouvoir par la force>>.
C’est pourquoi, il est impératif de revenir dans un délai plus court à l’installation de pouvoirs civils dans ces pays désormais sous contrôle des armées par l’organisation d’élections transparentes, portant ainsi on l’espère au sommet de l’État des dirigeants désireux du bien être des populations afin de couper l’herbe sous les pieds d’éventuels putschistes.
En effet, on aura beau juger nécessaire l’avènement de certains coups d’État dans des pays au bord du péril comme le Burkina Faso, l’on est obligé de reconnaître qu’ils offrent malheureusement un véritable boulevard aux nouveaux candidats déjà aux aguets, en vue de renverser encore le régime militaire en place installant ainsi le pays dans la tourmente des coups d’État répétitifs.
Ainsi, se dévoile avec le temps le Tallon d’Achille, la faiblesse de ce mode d’accession au pouvoir par la force qui renvoie souvent les pays à des temps passés où seule la force justifie de diriger la nation, tout en jetant les dirigeants dans une véritable insécurité et ce conformément à la sagesse tirée de l’évangile a acquis force d’adage par la célèbre assertion <<qui règne par l’épée périra par l’épée>>. ABOUBACAR SOUMAÏLA