Les partisans de l’ex-président Jair Bolsanaro n’ont pas tardé à mettre leurs menaces à exécution. Une semaine après la prestation de serment de Luis Inacio Lula Da Silva élu en fin octobre dernier pour un mandat de 4 ans, les voilà qui manifestent dans la capitale. Des véritables scènes de chaos !
D’après les images et les vidéos amplement diffusées par les médias et sur les réseaux sociaux. Ce qui vient de se passer à Brasilia, le dimanche 8 janvier 2023 rappelle un acte similaire posé il y a deux ans de cela. Comme les trumpistes pour le Capitole, les bolsonaristes se sont eux aussi attaqués aux symboles forts du Brésil.
Bien plus que les « fous » de Donald Trump, ceux de Bolsanaro ne se sont pas contentés du congrès (où leur camp est d’ailleurs majoritaire). Ils ont également assiégé la présidence de la République et le Tribunal Suprême Fédéral. Aux dernières nouvelles, le calme est revenu dans la capitale brésilienne, où la situation est vraisemblablement sous contrôle. Mais pour combien de temps ?
D’autant même qu’en dépit de plusieurs arrestations dans leur rang et de la fermeté du pouvoir à traquer les auteurs des casses opérées, les pro-Bolsonaro se disent déterminés à continuer de manifester jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à satisfaction. Leur satisfaction, c’est de voir le départ de celui-là dont ils contestent l’élection, à savoir Luis Inacia Lula Da Silva au motif que le vote du 30 octobre 2022 qui l’avait porté au pouvoir fut émaillé de fraudes.
Dans son retranchement en Floride (aux USA), l’ex-président Jair Bolsonaro pointé d’un doigt accusateur, à tort ou à raison, d’être le commanditaire de cette chienlit, qui secoue le Brésil, s’est juste contenté de condamner les actes de vandalisme, tout en reconnaissant à ses partisans leur droit de manifester. Faut-il comprendre par là qu’il donne sa caution à poursuivre la contestation ? Aux dernières nouvelles, l’ex-président Jair Bolsonaro sera admis dans un hôpital pour des soucis de santé, à en croire les médias américains.
Ce n’est pas la première fois que de manifestations politiques secouent le Brésil. En 2016, c’est Sao Paulo, la grande ville du Sud-est qui avait été secouée par des violences en guise de contestation contre la prestation de serment de Michel Temer, le remplaçant de Dilma Roussef, accusée de corruption et démise de ses fonctions après un vote du Sénat. Cependant cet épisode fâcheux n’a rien de comparable à l’extrémisme d’aujourd’hui. Cette fois, c’est le cœur même de la démocratie brésilienne qui est touché.
Au-delà du Brésil, l’on est en droit de s’interroger sur l’avenir du modèle de la démocratie à l’occidental. Cette démocratie a-t-elle atteint les limites de sa fascination ? Une chose est sûre, la montée de l’extrême droite un peu partout en Occident est en train de dévoiler aux yeux du monde les limites de ce modèle démocratique remis en cause dans son propre berceau.
OUMAROU KANÉ