Le Niger est véritablement un pays de résilience. D’autant que les autorités n’ont aucun choix que de repenser et multiplier les stratégies de gouvernance pour chaque partie du pays, du fait des spécificités géostratégiques propres aux différentes régions du pays.
Le grand Nord du pays est caractérisé par le vaste désert du Sahara, qui s’étend d’Agadez en Algérie, d’Agadez au Tchad, d’Agadez en Libye et même d’Agadez en Europe, en passant soit par les eaux libyennes ou par celles italiennes. Agadez, la capitale de l’Aïr est remarquable par sa vaste étendue de montagnes de sable à perte de vue et seuls les habitants avertis du terroir y maitrisent le mouvement dans cette région desséchée aujourd’hui de toutes ses eaux, jadis étendues telles ces dunes de sable.
Ses immenses richesses minières encore inexploitées qui dorment en silence et l’économie du tourisme sous exploitée font que les populations de la région peinent à réaliser des affaires facilement. Mais l’apparition des sites d’orpaillages, ces dernières années a attiré au-delà des normes habituelles des populations d’autres contrées du pays, ainsi que d’autres nationalités.
La recherche de l’or apparu à portée de mains dans cette région et l’or exposé comme tel dans les réseaux sociaux n’est pas la seule raison, qui attire les subsahariens vers Agadez. La plupart des personnes y ont trouvé aussi une route, qui s’ouvre directement sur les mégapoles Européennes, si lion si proches.
La migration clandestine trouve ici toute la fertilité de son expression. D’autant que la ville a grossi rapidement au gré de l’arrivée massive des candidats à la migration vers l’Algérie ou la Libye, deux pays qui donnent également directement l’accès à l’Europe.
La particularité des frontières africaines est leur porosité et leur ouverture. Elles ne sont pas fermées aux fils de fer électriques et barbelés ou des frontières sécurisées outre mesure par des mécanismes techniques ou technologiques.
Ces dernières années, le refoulement important des migrants nigériens par l’Algérie justifié par un accord dans ce domaine n’est pas pour faciliter la vie des personnes concernées. Il faut dire que l’Algérie refoule systématiquement finalement tous les migrants subsahariens à Agadez, non plus en s’appuyant sur l’accord conclu avec le Niger. Mais en prétextant que les mêmes migrants qu’elle refoule ont passé par Agadez pour y entrer.
Le désert, ses sites aurifères, ses migrants et ses frontières constituent chaque jour un lot de fardeau à gérer, à prendre en charge par les gouvernants, à cause de la violence que génère la rencontre humaine, sinon le drame humain dans cet espace trop vaste et pourtant nanti d’énormes richesses exploitables sur lesquelles le pays peut bien compter comme un levier pour investir et booster l’économie agricole dans les régions du Sud et de l’Ouest du pays.
A Agadez encore, tout comme au Sud et à l’Ouest du pays, la gestion de la question sécuritaire requiert une réponse holistique d’approche globale et intégrée avec l’inclusion de toutes les forces en présence et d’un investissement adéquat, approprié et adapté aux besoins des populations de la zone. Malgré la diversité des défis du vaste pays et son enclavement, la solution appelle toujours à l’application des mesures à caractère inclusif pouvant redynamiser et relancer l’économie, en créant les conditions d’une compétition autour de la vie socioéconomique.
MOUSSA NAGANOU